Ce n'était pas mon genre de venir voir les autres quand ça ne tournerait pas rond dans ma tête. Disons que un demi-siècle d'isolement m'avait habitué à faire le point tout seul de mon côté. Voir à ne plus le faire du tout. Était-ce mieux ? Pas sûr...
J'avais besoin de parler car une nouvelle fois... Et bien je ne savais plus trop quoi penser. J'étais perdu déboussolé.
Oh nul doute que j'allais me faire réprimander par mon amie mais à la limite, j'en étais presque content.

"Amie". Voilà un mot que je n'avais pas utilisé depuis bien longtemps. Mais en y réfléchissant, Lyora était ce qui s'en rapprochait le plus Je lui faisait confiance. De la plupart des personnes que j'avais rencontré elle était l'une des seules qui ne m'avait pas violenté ou manipulé...
Enfin si on excluait Wanaël, mais je m'étais malheureusement comporté comme un idiot ce jour là. Une fois de plus...

J'avais l'impression d'avoir erré des heures dans ces fichus rues. Décidément je ne m'y ferai jamais. Finalement, je trouvais enfin la demeure de Lyora, aisément reconnaissable grâce à sa devanture. Je poussais le seuil de la porte, et un petit bruit de clochette se fit entendre.
Elle était dans le hall, affairée à je ne sais quoi.

- Salut... Désolé de passer à l'improviste comme ça, et de ne pas avoir donné de nouvelles pendant tant de jours j'ai été... occupé ces dernières  semaines. Je t'ai rapporté deux ou trois plantes, j'espère que tu y trouveras ton compte.

Quel idiot j'étais. Avec ces plantes que j'avais ramené du pandémonium (et en trouver était déjà un miracle ) Lyora ne mettrait pas deux secondes à comprendre... Mais bon de toute façon vu le piteux état de mon pied et ma mine décrépi, j'étais déjà grillé d'avance. Comme pour faire diversion, je sortis autre chose de ma sacoche.

- Tiens. Tu ne pourras pas faire de potion avec celles-ci mais entre nous je les trouves plus jolies.

Des fleurs. L'idéal pour apaiser la demoiselle... Pas qu'elle était méchante mais elle avait quand même son caractère. Histoire de calmer le jeu, j'avais donc récupéré ça sur le chemin. Et puis bon, tout rustre que je pouvais sembler être, je savais que c'était le genre de petite attention appréciée par une femme. À vrai dire je n'étais pas tellement sûr qu'elle se mette en colère mais bon...
1 mois sans nouvelles, je me ramenais ici l'air de rien, et j'étais persuadé qu'elle ne serait pas ravie d'apprendre que j'étais retombé dans mes vieux travers en allant pourchasser une chimère en plein cœur des arènes du pandémonium, en compagnie d'un étranger plus que douteux...
Me sinistrant encore une fois un pied au passage.

Elle était en train de ranger les potions qu'elle venait de finir de fabriquer quand la clochette retentit. Elle venait de poser la dernière fiole et de redescendre de l'escabeau, pour être exact.

"Voilà, je suis à vous dans un instant"

Déclara t'elle d'un ton enjoué avant de reconnaître une voix qui lui sembla familière.

Salut... Désolé de passer à l'improviste comme ça, et de ne pas avoir donné de nouvelles pendant tant de jours j'ai été... occupé ces dernières  semaines. Je t'ai rapporté deux ou trois plantes, j'espère que tu y trouveras ton compte.

Du coup, elle se retourna d'un bloc. Iledan! Ca pour une surprise, s'en était une! Depuis qu'ils s'étaient quittés, elle n'avait pas eu de nouvelles et avait pensé que l'elfe était retombé dans ses travers de je me débrouille tout seul et je n'ai besoin de personne.

Qu'avait il encore fait? Il était pale, les traits tirés. Pour tout dire, il semblait au bout du rouleau. Elle posa ses mains sur ses hanches, contrariée. Légèrement amusée, malgré tout devant son air déconfit et sa tentative de faire diversion en lui tendant un bouquet qu'il sortit comme par hasard à retardement de sa sacoche.

Tiens. Tu ne pourras pas faire de potion avec celles-ci mais entre nous je les trouves plus jolies.

Elle examina les fleurs qu'il lui tendait d'un œil expert.

"Tu te trompe. Je peux faire au moins deux potions différentes avec elles. Mais c'est vrai qu'elles sont jolies."

Ajouta t'elle avec un sourire. Elle prit ensuite les autres plantes qu'il avait ramené. Hum... Elle n'en avait vu que rarement dans ce style. On aurait presque dit que c'était des plantes mortes, ou tout du moins flétries, bien que, grâce à son pouvoir, elle savait qu'il n'en était rien. La seule fois où elle avait eu des plantes du même genre, c'est quand elle en avait acheté à un marchand ambulant qui faisait du commerce avec le Pandémonium....

Le Pandémonium???? Il n'allait quand même pas lui dire qu'il était allé là bas. Non. En fait, c'était presque sur qu'il n'allait pas lui dire, même s'il y était surement allé, même si les plantes étaient quasiment un aveu. Elle poussa un genre de sifflement désapprobateur.

"Tsss! encore fourré dans des ennuis, dirait on. Pas comme si ta prime ici n'était pas déjà suffisante....
Bon, aller, passe dans la partie privée, je vais te requinquer un peu, va."

Puis remarquant qu'il boitait encore plus que la dernière fois.

"Hé bien, on dirait que ton pied ne s'est pas arrangé. Va falloir que je soigne ça aussi, sinon, tu va finir par boiter à vie...!
Suis moi, c'est par ici."

- Tu te trompe. Je peux faire au moins deux potions différentes avec elles. Mais c'est vrai qu'elles sont jolies.

Voilà une remarque qui eu le mérite de me faire sourire. Pro jusqu'au bout, même quand on lui offrait des fleurs. Quand aux autres plantes, je pu voir à son regard qu'elle n'était absolument pas dupe. La phrase qu'elle prononça par la suite finit de confirmer mes soupçons.

- Tsss! encore fourré dans des ennuis, dirait on. Pas comme si ta prime ici n'était pas déjà suffisante....
Bon, aller, passe dans la partie privée, je vais te requinquer un peu, va.

- Oh tu sais chez moi me fourrer dans les ennuis est un art de vivre...

Vrai que depuis quelques temps c'était devenu ma spécialité. Mais là j'avais tout de même fait fort, et je suis certain qu'elle ne soupçonnait pas encore la moitié du quart de ma mésaventure. En même temps quand on y repensait c'était une histoire de fou. Je tournais en rond dans la pièce, tant bien que mal, ma blessure au pied me faisant toujours souffrir... Saleté d'ange. Parfois je regrettais vraiment d'avoir retenu mes lames... Bien entendu, ma démarche boiteuse n'échappa pas à Lyora.

- Hé bien, on dirait que ton pied ne s'est pas arrangé. Va falloir que je soigne ça aussi, sinon, tu va finir par boiter à vie...!
Suis moi, c'est par ici.

- Vrai, en même temps je l'ai bien cherché... Mais en sortant des arènes Mythrannes je m'estime heureux que ça se limite à ça...

Bon inutile d'en dire trop d'entrée de jeu. J'étais déjà curieux de savoir comment elle allait prendre ça. Bon certes je n'étais pas venu la voir pour lui faire des cachotteries et faire comme si de rien était, mais ce n'étais pas non plus mon genre de déballer d'un trait toute l'accumulation de soucis que je portais en moi.

Il la suivait, bien qu'elle trouva qu'il boitait de plus en plus. Ou alors, c'était juste une impression. Elle l’entraîna jusqu'à une sorte de patio qui donnait sur son jardin, attrapa une chaise et le poussa gentiment dessus.

"Bon, assied toi là. Je vais regarder ton pied."

Elle enleva la botte et examina la blessure avec attention. Hum. la blessure n'était pas belle, mal cicatrisée. Elle ne suintait pas, mais elle sentait une chaleur sous la croûte qui indiquait qu'il y avait une infection interne. C'est à ce moment là qu'il lui parla des arènes.

"Comment ça, les arènes Mythrannes? Qu'est ce que tu allais faire dans une arène? Des démons t'avaient capturé ou quoi? Ne me dit pas qu'ils s'intéressaient à ta prime, tout de même!"

Elle n'allait pas le forcer, il lui parlerait s'il en avait envie. Il fallait qu'elle réfléchisse à un moyen d'arranger son pied, en attendant, par contre. A son avis, il fallait utiliser les grands moyens, pas sur que ça allait lui plaire, mais elle pensait que c'était la seule solution pour qu'il garde son pied intact.

"Bon, pour ton pied, j'ai deux mauvaises nouvelles et une bonne.
La bonne nouvelle, c'est que je peux le guérir, par contre...
La première mauvaise nouvelle est qu'il va falloir que je r'ouvre la blessure pour désinfecter. Je vais t’injecter un analgésique local contre la douleur.
La deuxième mauvaise nouvelle est que la potion que je veux te donner par la suite pour reconstituer les tissus est totalement infecte et très désagréable. D'ailleurs, si tu ne veux pas perdre tes vêtements, il va falloir que tu les quitte..., oui tous!

J'ai besoin de pas mal de matériel. Ne bouge pas, je reviens."

Elle alla chercher une toile imperméable, une dague effilée, des aiguilles avec l'analgésique dans une fiole, et une autre fiole sombre. Elle eu un regret et rapporta un vieux tissus qu'elle pourrait jeter par la suite, il servirait à couvrir Iledan, elle se doutait bien qu'il serait mal à l'aise s'il restait nu.

Elle rapporta le tout, attendant que l'elfe se lève et se prépare. Elle posa le vieux tissus à coté de lui. Comme il se leva, elle en profita pour étendre la toile sous la chaise, et la reposer au milieu.

"Je commence dès que tu seras prêt."

Comment ça, les arènes Mythrannes? Qu'est ce que tu allais faire dans une arène? Des démons t'avaient capturé ou quoi? Ne me dit pas qu'ils s'intéressaient à ta prime, tout de même !

- Si seulement... Disons que j'ai joué l'idiot une fois de plus.

C'eut au moins été moins honteux pour moi de mettre ça sur le compte sur le compte des démons que sur celui de ma naïveté.
Ce fichu pied me faisait décidément de plus en plus mal, heureusement que Lyora était une experte, j'étais à peu près sûr que c'était bien plus grave que la dernière fois.

Bon, pour ton pied, j'ai deux mauvaises nouvelles et une bonne.
La bonne nouvelle, c'est que je peux le guérir, par contre...
La première mauvaise nouvelle est qu'il va falloir que je r'ouvre la blessure pour désinfecter. Je vais t’injecter un analgésique local contre la douleur.
La deuxième mauvaise nouvelle est que la potion que je veux te donner par la suite pour reconstituer les tissus est totalement infecte et très désagréable. D'ailleurs, si tu ne veux pas perdre tes vêtements, il va falloir que tu les quitte... oui tous! J'ai besoin de pas mal de matériel. Ne bouge pas, je reviens.

Et pour une fois, j'aurai souhaité avoir tort... Encore de la souffrance en perspective donc. Il faut dire en même temps que j'avais été stupide : ces vieilles chausses que j'avaient été vraiment trop fragile et j'aurais dû en changer après mon combat contre l'autre garce. Sans parler de bottes ultra lourde en métal, il était tout à fait possible de trouver des chaussures légères renforcées avec quelques plaques en métal. Ceci dit, il y a une chose que je ne comprenais pas. J'attendis qu'elle revienne puis...

- Je commence dès que tu seras prêt.

- Attends attends la désinfection, tout ça je comprends mais... Qu'est ce que mes vêtements ont à voir là dedans ? Tu ne comptes pas m'incinérer totalement pour désinfecter une blessure tout de même ?

Lyora pouffa à la remarque de l'elfe.

"Oui, j'avais remarqué que tu étais légèrement idiot."

Elle le taquinait, bien sur. Il était surement arrivé quelque chose de grave. Elle le laisserait parler à son rythme, et s'il le voulait. En parlant d'idiot, elle remarqua qu'elle avait oublié la moitié des affaires. Cette visite la troublait elle plus qu'elle ne voulait l'admettre, ou bien était ce parce qu'elle était en plein déménagement? Peut être les deux, se dit elle, tout en rougissant légèrement.

Attends attends la désinfection, tout ça je comprends mais... Qu'est ce que mes vêtements ont à voir là dedans ? Tu ne comptes pas m'incinérer totalement pour désinfecter une blessure tout de même ?

"Non, pas t’incinérer, voyons! je n'ai pas envie de te tuer. C'est la potion. Elle va ressortir par tous les pores de la peau. Si tu as tes vêtements, ils seront juste irrécupérables et c'est eux qu'il faudra brûler, désolée. Comme je l'ai dit, ça ne va pas être très agréable, mais j'ai l'impression qu'il faut que j'emploi les grands moyens. Tu es salement amoché, d'après ce que je vois."

Elle expliqua.

"Pour ta blessure, je vais juste la rouvrir pour que le liquide s'écoule et la nettoyer avec de l'eau. Tu ne sentiras rien, je vais insensibiliser la zone. Après, il faudra prendre la potion... En plus des effets désagréables, elle est totalement infecte, mais elle va reconstituer les tissus de ton pied et il redeviendra comme avant en un jour ou deux. Il faudra le ménager, entre temps.
Je t'ai apporté un vieux tissus pour que tu te couvre. J'ai oublié l'eau, un pansement d'herbes et des bandages pour ton pied, je reviens"

Elle sortit et rapporta les éléments manquants, plus un petit coussin pour pouvoir s'installer au sol confortablement. Elle avait bien l'intention de le garder jusqu'à temps qu'il soit complètement guéri. Même s'il ne voulait pas. Un petit peu de somnifère pour qu'il se repose si vraiment il était entêté. Il boiterait à vie s'il n'était pas raisonnable. Elle ne le connaissait pas beaucoup, mais avait deviné qu'il ne l'était pas vraiment. Sa dernière mésaventure le confirmait.

Restant dans le couloir, elle lui demanda.

"Ca y est, tu es prêt? je peux entrer?"

- Non, pas t’incinérer, voyons! je n'ai pas envie de te tuer. C'est la potion. Elle va ressortir par tous les pores de la peau. Si tu as tes vêtements, ils seront juste irrécupérables et c'est eux qu'il faudra brûler, désolée. Comme je l'ai dit, ça ne va pas être très agréable, mais j'ai l'impression qu'il faut que j'emploi les grands moyens. Tu es salement amoché, d'après ce que je vois.

Ah voilà qui était plus rassurant. Enfin relativement. Curieuse potion tout de même, c'était bien plus puissant que tout ce que j'avais pu voir jusque là. Ceci dit je ne m'était jamais mis dans un état pareil non plus. Si je n'avais pas rencontré Lyora, j'aurais assurément perdu mon pied.

- Pour ta blessure, je vais juste la rouvrir pour que le liquide s'écoule et la nettoyer avec de l'eau. Tu ne sentiras rien, je vais insensibiliser la zone. Après, il faudra prendre la potion... En plus des effets désagréables, elle est totalement infecte, mais elle va reconstituer les tissus de ton pied et il redeviendra comme avant en un jour ou deux. Il faudra le ménager, entre temps.
Je t'ai apporter un vieux tissus pour que tu te couvre. J'ai oublié l'eau, un pansement d'herbes et des bandages pour ton pied, je reviens.

- Très bien... À tout de suite.

Alors que Lyora quittait la pièce, j'enfilai le tissus qu'elle m'avait ramené... Mes vêtement empestaient. Dans un sens Lyora m'aurait même rendu service en les brûlants. Elle était bien courageuse si elle supportait ma présence. Mais les points d'eaux s'étaient fait rare sur la route et je n'avais pas pu me nettoyer. Résultat : un vrai fauve.
Deux jours de repos par contre ça ne m'arrangeait pas. Certes c'était gentils de sa part. Mais deux jours... Sans rien faire... Pas question !
J'entendis alors sa voix dans le couloir :

- Ça y est, tu es prêt ? je peux entrer ?

Ma foi j'étais aussi prêt que je pouvais l'être. Bon pour le coup j'aurai bien pris un bain parce que... Là c'était vraiment la grosse honte.

- Oui vas-y... Mais pince-toi les narines.

Mieux valait en rire après tout...

Bon, autant commencer pendant qu'il était prêt, comme il disait. Quand à l'odeur.... C'est vrai qu'il ne sentait pas vraiment très bon, mais elle connaissait des plantes qui sentaient encore plus mauvais que ça. Elle posa au sol tout son matériel et le coussin. Elle commença par tremper l'aiguille dans l'analgésique local et lui faire des piqûres tout le tour du mollet. Il fallait attendre quelques minutes pour que ça agisse.

"Essaye de te détendre. Ne regarde pas, si possible. Je ne sais pas, moi. Tu peux me raconter ce que tu as fait pendant tout ce temps si tu en as envie. J'ai cru que tu avais complètement disparu de la circulation....
Que tu avais oublié notre rencontre..."

La dernière phrase était quasiment à voix trop basse pour être entendu. Plus pour elle même que pour lui. Pour le rassurer, elle ajouta, tout en lui posant le pied à plat sur le sol.

"Il me reste encore la baignoire, tu pourras prendre un bain après, si tu veux. Par contre, il faudra éviter de te tremper ce pied là."

Cela servait aussi de test pour savoir s'il ne sentait plus rien. Apparemment le produit avait fait son effet. Elle pinça la peau pour s'en assurer. Ne voyant pas de réaction, elle saisi la dague à pleine main et transperça le pied à l'endroit de la blessure. Aussitôt un liquide plein de pus se mit à couler. Il fallait attendre que ça s'arrête. Puis, elle nettoya à l'eau.

"Pour la potion, je te conseille de mettre le goulot dans le fond de la gorge et d'avaler tout d'un coup. Tu auras le goût après mais au moins, tu l'auras avalé. Il y en a peu, heureusement pour toi."

Elle lui tendit la petite fiole noire. En fait, elle était en verre, et c'était le liquide dedans qui lui donnait cette couleur. Il faisait des petites bulles de temps en temps avec un petit plop.

Lyora revint avec tout son matériel. Vu la quantité d'objet qu'elle portait, on aurait presque cru voir une infirmière militaire. Quoique vu mon état on était pas loin du blessé de guerre. Je la vis tremper une aiguille dans un liquide qui semblait être l'analgésique dont elle m'avait parlé.
Bah quelques piqûre ne me faisait pas peur, après 2 dagues dans le pieds ça pourrait presque s'apparenter à un massage.

- Essaye de te détendre. Ne regarde pas, si possible. Je ne sais pas, moi. Tu peux me raconter ce que tu as fait pendant tout ce temps si tu  en as envie. J'ai cru que tu avais complètement disparu de la circulation....
Que tu avais oublié notre rencontre...

- J'ai été idiot... Un idiot à agiter cet avis de recherche devant moi... Il disait savoir où la trouver. Bêtement je l'ai suivi, sans songer au reste.
Il s'est juste joué de moi et m'a forcer à combattre contre tous les démons de l'arène...

Un résumé rapide et imprécis... Mais c'était dur pour moi d'en parler, même avec elle. Heureusement elle m'écouta patiemment, sans m'interrompre. Et même si elle me trouvait idiot, au moins elle ne me le dit pas.

- Ahem... Si ça ne t'embêtes pas je prendrai bien une douche après. Je ne souhaite pas t'imposer ça plus longtemps.

- Il me reste encore la baignoire, tu pourras prendre un bain après, si tu veux. Par contre, il faudra éviter de te tremper ce pied là.

Subitement elle pinça la peau de mon pied, puis planta une dague en plein milieu de la blessure. Jamais deux sans trois dit-on. Mais contrairement aux autres fois je ne ressentis aucune douleur. L'analgésique fonctionnait parfaitement.
Je vis avec dégoût et consternation un pus jaunâtre s'écouler de mon pied... Entre ça et l'odeur, je devais être au top de mon sex appeal.

- Pour la potion, je te conseille de mettre le goulot dans le fond de la gorge et d'avaler tout d'un coup. Tu auras le goût après mais au moins, tu l'auras avalé. Il y en a peu, heureusement pour toi.

Le liquide ne donnait pas envie c'était le moins qu'on puisse dire... Le goût, mieux valait ne pas y penser. Je suivi son conseil et bu la mixture...
Infect. Pire que ça même. Je ne pouvais même pas comparer avec autres choses tant le goût était horrible. Si je n'avais pas suivi à la lettre ce qu'elle m'avait dit, je lui aurait recraché au visage à coup sûr.

- Pouah... ! IMMONDE ! Comment as-tu réussis à fabriquer une horreur pareille avec des ingrédients poussant dans la nature ?

La phrase était un peu crue certes... Mais bon c'était moi. Et une telle mixture aurait arraché des jurons à un homme de foi tellement c'était horrible.

Il l'avala. Elle le vit faire la grimace.

Pouah... ! IMMONDE ! Comment as-tu réussis à fabriquer une horreur pareille avec des ingrédients poussant dans la nature ?

"Le monde de la nature est parfois impénétrable, Iledan."

Elle vérifia que tout se passait comme cela le devait. Un liquide noir commença à couler un peu partout sur son corps. Elle guettait le moment où cela commencerait à couler par la blessure du pied. Quand se fut le cas, elle mit le pansement d'herbe. Le liquide fit un genre d'emplâtre sombre autour. Parfait. Il ne restait plus qu'à bander le tout.

Par contre, ce n'était pas tombé dans l'oreille d'un sourd qu'il comptait repartir dès qu'il aurait fini de se doucher. Elle ne pouvait pas lui permettre, même s'il risquait d'être fâché après elle ensuite. C'est vrai qu'elle le considérait comme un ami, voir même peut être un peu plus. Et empêcher ses amis de faire des bêtises, c'était ça aussi, l'amitié.

Quand la potion de reconstitution cessa de couler, elle l'accompagna dans la salle de bain, et quand il eu fini de se laver, prétextant de lui donner une potion revigorante, lui fit boire un somnifère. Elle n'aimait pas lui mentir, mais s'il repartait maintenant, tout le travail qu'elle venait d'accomplir ne servirait à rien. Il la regarda d'un œil accusateur, puis sombra. Elle l'installa au mieux en lui glissant des coussins sous lui pour que ça soit moins inconfortable, et le recouvrit d'une couverture. Elle regarda l'heure. Aie! Elle allait être en retard, si elle ne se dépêchait pas. Entre temps la nuit était tombée et elle avait rendez vous avec un commanditaire pour se faire régler le solde d'un contrat. Elle sortit et couru dans les ruelles, à la lueur du clair de lune.

...

Le brouillard total. C'était donc ça la gueule de bois ?

Qu'est ce qu'il s'était passé nom de sort... ?

Après avoir sué un liquide noir dégoûtant, j'étais allez prendre un bain, et Lyora m'avait ensuite donné une sorte de tisane revigorante. J'avais trouvé ça louche du coup mais...

Deux minutes ! Elle n'avait tout de même pas drogué la tisane ?!!! Et à quelle fin ?! Manifestement il me manquait rien et j'allais plutôt bien. J'étais simplement allongé sur le canapé, avec une couverture. Je ne comprenais absolument rien.
Et j'étais furieux ! Pourquoi faire une chose pareille ?!
Elle allait devoir me donner une sacré bonne explication.

Enfin quand je la trouverais, car elle n'était plus là. S'était-elle enfuie ? Cela avait-il un rapport avec le fait qu'elle m'ait drogué ?
J'allais bientôt avoir ma réponse car j'entendis la cloche de la boutique tintée.
C'était bien elle. Me saisissant de la fameuse tasse, je m'approchai de la coupable et lui dit d'un ton accusateur, tout en lui désignant "l'arme du crime" :

- Drôle d'idée que tu as d'une potion revigorante, ou alors il faudra m'expliquer ! Je peux savoir à quoi tu joues ?!!

Prise la main dans le sac, ou presque. Elle avait dû patienter, son commanditaire était très en retard. Il faut dire que ces derniers temps, il y avait plus de patrouilles en ville, elle ne savait pas pourquoi. Elle avait perdu un peu le fil, avec son déménagement à l'école. Pour les mêmes raisons, elle avait aussi dû se cacher beaucoup de fois lors de son retour. C'était maintenant presque l'aube, et évidemment, Iledan était déjà réveillé, lui tendant la tasse d'un air accusateur, sans s'apercevoir qu'elle transportait une bourse pleine d'émeraudes à la ceinture. Elle ne pouvait pas la déplacer sans se faire remarquer. Elle espérait qu'il serait trop en colère après elle pour l'avoir drogué pour s'occuper de ces petites activités nocturnes.
Elle soupira.

"Iledan. Je t'avais dit que tu devais ménager ton pied pendant au moins quarante huit heures. Et tu étais déjà prêt à repartir. Je t'ai donné un somnifère, oui. Et je suis prête à recommencer, ou à te retenir de force si c'est nécessaire.
Tu t'imagine quoi d'autres? Que je prends la peine de t'installer sur le canapé pour te kidnapper, ou quoi?"

Lyora était en colère. Des accusations injustifiées de l'elfe, et aussi sur le fait qu'il était réveillé alors qu'elle n'avait pas encore pu ranger son salaire. De plus, elle était fatiguée, maintenant, et aurait aimé aller dormir sans avoir à se lancer dans une grande discussion.

- Iledan. Je t'avais dit que tu devais ménager ton pied pendant au moins quarante huit heures. Et tu étais déjà prêt à repartir. Je t'ai donné un somnifère, oui. Et je suis prête à recommencer, ou à te retenir de force si c'est nécessaire.
Tu t'imagine quoi d'autres? Que je prends la peine de t'installer sur le canapé pour te kidnapper, ou quoi ?

Pour le coup, je me sentis bête. Très bête. Comment avais-je pu penser une minute qu'elle me voulait du mal ?
Mais au fond de moi, je me sentais malgré tout blessé, dans ma fierté ou dans mon orgueil je ne savais pas trop. Je me sentais tellement idiot. Comment avait-elle pu m'avoir aussi facilement ? Mais en même temps je me sentais touché par son attention...
Mais bien sûr avec mon sale carafon...

- Ecoute c'est fort louable de ta part mais je n'ai pas besoin d'une...

J'arrêtai subitement ma phrase...J'avais aperçu quelque chose accroché à sa ceinture. Un détail qui m'avait échappé jusqu'à maintenant : une petite bourse curieuse qu'elle n'avait pas en sortant d'ici...

- Une petite minute... Qu'est ce que tu as à ta ceinture ? C'est de l'argent ? Où as-tu récupéré ça ?

Et M****! Evidemment. Alors qu'elle pensait qu'elle allait échapper aux accusations. Il s'était radoucis et avait pris un air un peu confus. Ca n'avait durer que quelques secondes, le temps qu'il aperçoive cette maudite bourse.

Pour une fois, Lyora maudit d'être sortie cette nuit. Pourquoi il avait fallu que ça soit cette nuit ci et pas une autre? Où qu'Iledan débarque un autre jour...Non, le même jour. Avec sa méfiance, quelque peu justifiée, elle se dit qu'elle allait perdre sa confiance. Pourtant, elle n'avait rien fait, du moins, le concernant.

"Ecoute, ça n'a rien avoir avec toi."

Elle voyait la colère et la méfiance se mettre sur son visage. Elle se douta bien de la cause.

"Arrête d'être stupide. Tu crois que j'aurai pris la peine de te soigner si j'avais voulu te vendre pour la prime? Tu aurais été plus facile à capturer avec ton pied amoché que maintenant...
De toute façon, si j'avais voulu ta prime, je n'aurai pas attendu un hypothétique retour. Je t'aurai capturé lors de notre première rencontre."

Oui, elle aurait pu. Surement qu'il n'allait pas la croire. Et elle n'allait pas lui faire une démonstration de ses pouvoirs rien que pour lui faire plaisir. Tout le monde a bien le droit à ses petits secrets, non?

"Ca ne fait pas très longtemps qu'on se connait, non? Et tu voudrais déjà tout savoir de ma vie? Je veux bien te la raconter un peu en échange de la tienne."

Apparemment elle semblait décontenancé... J'avais mis le doigt sur quelque chose. Je n'étais pas aussi curieux d'habitude mais je sentais qu'elle me cachait quelque chose. Quelque chose d'important.

- Ecoute, ça n'a rien avoir avec toi.

Le fait qu'elle m'évoque d'emblée n'augurait rien de bon selon moi. M'aurait-elle revendu à un de ces chasseurs de primes contre quelques pièces ? Avais-je encore été trahis ?
Inconsciemment une de mes mains se crispa autour de la poignée d'une de mes armes

- Tu m'excuseras si j'ai quelques doutes...

- Arrête d'être stupide. Tu crois que j'aurais pris la peine de te soigner si j'avais voulu te vendre pour la prime? Tu aurais été plus facile à capturer avec ton pied amoché que maintenant...
De toute façon, si j'avais voulu ta prime, je n'aurai pas attendu un hypothétique retour. Je t'aurai capturé lors de notre première rencontre.

Là elle marquait un point. Quel que soit l'endroit d'où cet argent venait, ça ne pouvait pas venir de ma prime. Ça n'avait pas de sens. Mais pourtant je sentais que quelque chose l'embêtait. Elle semblait sur la défensive. Un peu trop pour quelqu'un qui n'avait rien à se reprocher...

- Ca ne fait pas très longtemps qu'on se connait, non? Et tu voudrais déjà tout savoir de ma vie? Je veux bien te la raconter un peu en échange de la tienne.

Un marché honnête en soi... Mais qu'y avait-il à dire de plus sur moi ? Elle connaissait déjà le drame de ma vie et c'était quelque chose que je n'avais pas souvent révélé quiconque... À personne en réalité. Jusqu'à ce que je la rencontre.
Ce petit sac cachait-il donc autant de secret ? Je n'obtiendrai rien de Lyora si je continuais à m'énerver contre elle dans la sorte.

- Je ne te demande pas de tout me révéler sur toi Lyora... Notre passé nous appartiens. Mais je sens que tu me caches quelque chose d'important. Quelque chose dont tu sembles avoir honte... Alors je te le demande en ami... De la même façon que je me suis livré à toi ce jour là dans la forêt de Landayën... Explique-moi ce qui semble à ce point peser sur ta conscience.

Elle fit un peu la grimace, quand il lui demanda de lui faire confiance comme lui l'avait fait cette fameuse fois où ils s'étaient rencontrés. Elle avait bien cru remarquer qu'il n'aimaient pas les mercenaires, et pour cause, sans doute, vu qu'il devait en avoir pas mal sur le dos, vu la somme de cette fameuse prime. Elle redoutait l'instant où elle allait devoir prononcer ces paroles. Pourtant, il allait bien falloir, mais après....

"Il n'y a pas grand chose à dire, tu sais. J'ai cru voir à quel point tu aimais les mercenaires..."

Voilà, le mot était prononcé. Elle s'attendait à un éclat, et rien. Avait il comprit? Elle n'était pas tout à faire sure. Il la regardait, comme s'il avait du mal à faire le rapport entre elle et les mercenaires. Bon... autant boire la coupe amère jusqu'au bout, sans doute l'avait elle mérité.

"Oui, je suis un mercenaire. De temps en temps seulement. Mon activité principale est bien l'herboristerie et la potion, comme tu as pu le voir. Mais ça m'arrive d'avoir des contrats. Et là, c'est le solde de mon paiement.
Comme je l'ai déjà dit, je n'en ai pas après ta prime, tu n'as pas de soucis à te faire de ce coté là, je ne te livrerai pas, et je ne te vendrai pas..."

Elle se retourna, sans doute allait il partir maintenant, et elle ne voulait pas voir son départ...
Minute! Non, pas question qu'il parte encore. Il n'était pas tout à fait guéri. Il resterait encore une journée de plus. C'était si terrible que ça à demander? Elle se retourna à nouveau vers lui. Il la regardait toujours, comme figé.

"Et bien quoi? dit quelque chose, au moins!"

- Il n'y a pas grand chose à dire, tu sais. J'ai cru voir à quel point tu aimais les mercenaires...

Oui évidemment, je les méprisais. Pour deux raisons : d'abord parce que j'en avais assez de les avoir sur le dos, ensuite parce que je considérais que vendre ses talents de guerriers relevaient de la pire des bassesses.
Mais où voulait-elle en venir ?

- Oui, je suis un mercenaire. De temps en temps seulement. Mon activité principale est bien l'herboristerie et la potion, comme tu as pu le voir. Mais ça m'arrive d'avoir des contrats. Et là, c'est le solde de mon paiement.
Comme je l'ai déjà dit, je n'en ai pas après ta prime, tu n'as pas de soucis à te faire de ce coté là, je ne te livrerai pas, et je ne te vendrai pas...

Je m'étais arrêté "je suis une mercenaire". Comment étais ce possible ? Elle avait pourtant l'air de quelqu'un de bien... Je ne pouvais croire qu'une personne du genre à soigner quelqu'un gratuitement comme elle l'avait fait était près à aller chasser de la chair humaine contre quelques opales...
Je me sentais trahi... Et je n'avais même pas la force de me mettre en colère cette fois-ci. Je regardai dans le vide.

Et bien quoi? dit quelque chose, au moins!

Sa phrase me fit sortir de ma torpeur. Je balbutiai péniblement quelques mots... Sans force. Sans rien.

- Je n'ai rien à te dire...

Car que dire de plus ? Je ne pouvais pas l'empêcher d'exercer cette profession et je n'étais sûrement pas à même de la juger...
Mais non je haïssais trop ce soi-disant "métier" pour simplement accepter... Pour lui dire " Quoi que tu fasse je t'apprécie et te respecte pour qui tu es "... Pour ne pas la juger et en discuter en ami.

Je ne pouvais plus rester ici... Pas une minute de plus. C'était insoutenable. Je me dirigeai vers la porte, prêt à sortir.
Je n'avais plus rien à faire ici...

Elle s'en doutait. Elle avait vu la réaction de rejet d'Iledan. Sans un mot, ou presque. Aucun mot aurait été mieux que ce , je n'ai rien à te dire qui sonnait comme une condamnation. Elle le regardait reculer, se diriger vers la porte. Il allait partir. Sans explication, sans rien. La seule personne qu'elle pouvait appeler ami depuis... Depuis que cette femme l'avait recueilli.

"NON!"

Sa voix était forte. Il hésita un instant. Un instant de trop. Sans réfléchir, elle lança les tiges de rosier. En un instant, elles s'entourèrent autour de l'elfe et le ligotèrent comme un saucisson.

"Reste calme, surtout. Je ne voudrais pas te piquer par inadvertance."

Bien qu'elle contrôlait la position des épines pour qu'aucune ne le touche, s'il se débattait, il pouvait se blesser lui même. Et vu les poisons qu'il y avait sur certaines épines, cela pouvait être grave.

"Je sais bien que tu n'aime pas les mercenaires... Pourtant, je n'en ai pas après toi. Tu m'as fait confiance, et tu avais raison. Je suis désolée. Je ne voulais pas te le dire. Je me doutais que cela allait se passer comme ça. Je ne voulais pas perdre ton amitié...
Ne t'en fais pas, je te kidnappe seulement jusqu'à demain soir. Ton pied n'est pas guéri. Après, je te laisserai partir, je te le promets."

Quoi dire de plus, de toute façon, elle était presque sure qu'il ne l'écoutait pas. Qu'il ne l'écouterait pas, quoi qu'elle est à dire. Qu'elle ne pouvait pas s'en empêcher, que de temps en temps, l'instinct de mort était le plus fort. Qu'une partie d'elle se déchirait, une partie voulant, l'autre ne voulant pas. Que de toute façon, elle n'en faisait pas beaucoup et que son activité allait encore baissé avec son travail à l'école? Elle pensait qu'il n'en avait rien à faire de tout ça. Et d'une certaine façon, elle le comprenait.

Pourquoi, souvent, les circonstances se retournaient contre elle? Elle qui pensait que sa vie allait s'améliorer avec l'embauche à Ernelzya. Pourquoi une bonne nouvelle en accompagnait toujours une mauvaise? Elle aurait aimé savoir.

Elle souleva délicatement Iledan et l'entraîna dans la pièce qui avant lui servait de laboratoire. Il n'y avait pas de fenêtre, et qu'une seule porte, celle par laquelle elle entra. Il restait encore quelques coussins et une chaise. Elle se mit entre la porte et lui, l'installa sur la chaise et le libéra. Elle s'installa sur les coussins...

"Bon, je sens que ça va être de TRES longues heures! Entre toi qui ne va pas vouloir me parler, et moi qui ne peux pas vu que tu refuseras d'écouter ce que j'aurai à te dire."

- NON!

Ce mot me fit hésiter... Car malgré ma haine pour les mercenaires et leurs agissements, Lyora restait ce que j'avais de plus proche d'une amie.
Et j'avais une dette envers elle. Autant de choses qui me retenaient de tourner la poignée et de pousser la porte...
Alors que ces pensées défilaient dans ma tête, je sentis quelque m'agripper puis me ligoter petit à petit... Impossible d’attraper mes armes pour m'en défaire.

Mais qu'était ce en fait... Etant au premier plan pour voir de quoi il retournait, je pus constater que j'étais enserré par des ronces. Des ronces de rosier plus précisemment. Mais d'où venaient-elles ?

Comme douée d'une volonté propre, les roses me retournèrent en direction de la jeune femme. C'était d'elle qu’émanait cette curieuse formation végétale. J'avais déjà remarqué cette particularité curieuse sur elle, mais je l'avais assimilé à une curiosité vestimentaire purement esthétique. Grave erreur de ma part car il s'agissait d'une arme.

J'avais déjà vu lors de ma jeunesse des mages elfes utiliser ce type de technique. Le mage fusionnait avec une plante, celle-ci devenant un symbiote qui se fixait à un hôte. Celui-ci pouvait après manipuler la plante en question pour en user comme d'une arme.
C'était une pratique rare, compliquée et dangereuse.

- Reste calme, surtout. Je ne voudrais pas te piquer par inadvertance.

Comprendre ici : "poison". Mieux valait faire ce qu'elle me disait pour le moment, car s'il s'agissait d'un poison létal... Bref mieux valait ne pas y penser.

- Je sais bien que tu n'aime pas les mercenaires... Pourtant, je n'en ai pas après toi. Tu m'as fait confiance, et tu avais raison. Je suis désolée. Je ne voulais pas te le dire. Je me doutais que cela allait se passer comme ça. Je ne voulais pas perdre ton amitié...
Ne t'en fais pas, je te kidnappe seulement jusqu'à demain soir. Ton pied n'est pas guéri. Après, je te laisserai partir, je te le promets

Je me préparai à répondre quelque chose mais à vrai dire je n'en eut guère le temps. Déjà, les ronces m’entraînaient dans le salon et m'installaient sur une chaise, relâchant progressivement leur étreinte.

- Bon, je sens que ça va être de TRES longues heures! Entre toi qui ne va pas vouloir me parler, et moi qui ne peux pas vu que tu refuseras d'écouter ce que j'aurai à te dire.

Elle voulait que je parle ? Très bien, j'en avais des choses à dire. Après tout comme elle m'avait forcer à rester ici autant ne pas perdre notre temps :

- Je suis déçu... J'en ai croisé des chasseurs de viande froide. Ils ne valaient rien et ils avaient au moins l'excuse de ne pas être bon à autre chose. Mais toi tu vaut tellement mieux. Tu sais déjà faire des tonnes de choses formidable, tu as une boutique, de vrai talents pour soigner les gens... Et surtout tu es quelqu'un de bon. Et ce n'est pas une qualité des charognards que je croise.
Alors je ne comprends pas ce qui te pousse à faire ça...

Enfin, il avait finalement quelque chose à dire. Il ne comprenait pas. C'était logique. Elle rosit tout de même légèrement devant les compliments.
Le problème, c'est qu'elle ne savait pas comment lui expliquer, puisqu'elle non plus ne comprenait pas vraiment ce qui la poussait. Elle réfléchit un moment.

"Je ne saurai pas te dire, Iledan. Je fais ça , hum, comment te dire ça, un peu malgré moi. Oui, c'est ce qui s'en rapproche le plus. Un instinct de mort, si tu préfère. Je ne peux pas réellement te dire pourquoi. Je ne comprends pas non plus. Je n'ai rien de spécial contre ces gens, en plus. Pourtant, leur mort ne me touche pas."

Elle avait l'impression de s'enfoncer auprès de lui, mais elle avait décidé d'être honnête jusqu'au bout. Elle avait déjà réfléchit au pourquoi, mais comme l'elfe demandait des explications, pour la première fois, elle réfléchit à quand cela avait commencé.

"J'ai l'impression que ça a commencé quand j'ai rencontré ce rosier, il me semble." Dit elle au bout d'un moment d'un ton songeur.

C'était aussi la première fois qu'elle révélait autant ses pouvoirs à quelqu'un.

"Tu sais, d'habitude, à ceux qui remarquent quelque chose de bizarre à propos du rosier, je leur donne un peu de potion d'oubli...  Tu es la première personne à qui je parle réellement de ce pouvoir... Tu vois, tu vas connaître mes secrets... Alors que tu ne veux même pas me dire ce comment tu t'es retrouvé dans cette satanée arène Mythranne!!!
Que c'est il passé, exactement?"

Non, elle n'avait pas oublié. Et lui qui lui disait tout à l'heure qu'il n'avait rien à dire de plus sur lui.

"Je n'y connais rien à la magie, en fait. Peut être je devrai en parler à un spécialiste, mais je n'aime pas me dévoiler ainsi. Peut être ça à avoir avec le fait que je ne peux plus quitter cette plante sans mourir."

Elle haussa les épaules. A moins qu'il s'y connaisse en magie, ce n'était surement pas Iledan qui pourrait la renseigner.

- Je ne saurai pas te dire, Iledan. Je fais ça , hum, comment te dire ça, un peu malgré moi. Oui, c'est ce qui s'en rapproche le plus. Un instinct de mort, si tu préfère. Je ne peux pas réellement te dire pourquoi. Je ne comprends pas non plus. Je n'ai rien de spécial contre ces gens, en plus. Pourtant, leur mort ne me touche pas. J'ai l'impression que ça a commencé quand j'ai rencontré ce rosier, il me semble.

Cette histoire devenait de plus en plus étrange... La plante était elle douée d'une volonté propre qui la forçait à avoir ces pulsions meurtrières ?
Canalisées toutefois puisque Lyora ne s'en prenait qu'aux individus recherchés. Une façon à sa personnalité naturellement douce et chaleureuse de fixer une limite ? Peut-être bien. En magie je n'y connaissait rien.

- Tu sais, d'habitude, à ceux qui remarquent quelque chose de bizarre à propos du rosier, je leur donne un peu de potion d'oubli... Tu es la première personne à qui je parle réellement de ce pouvoir... Tu vois, tu vas connaître mes secrets... Alors que tu ne veux même pas me dire ce que tu fichais dans cette satanée arène Mythranne!!!

Bon là elle marquait un point. Vrai que j'en avais parlé assez vite au fond...

- Je n'y connais rien à la magie, en fait. Peut être je devrai en parler à un spécialiste, mais je n'aime pas me dévoiler ainsi. Peut être ça à avoir avec le fait que je ne peux plus quitter cette plante sans mourir.

Avec ce qui était symbiotique c'était très souvent le risque... Je choisis de garder la question dans un coin de ma tête pour en venir à un tout autre sujet. Après tout je lui devais bien ça.

- Bon... Et bien tu m'as parlé de toi alors c'est à mon tour je suppose... Je t'en ai déjà parlé rapidement mais bon je peux bien te donner quelques détails. Il y a quelque jours, un type louche m'a dit savoir ou se trouver la fille de l'affiche que je traînais avec moi. Il a dit s'appeler Shulia. Un semi-ange assez louche... Bref. Il m'a entraîné au fin fond des arènes Mythrannes. Selon lui elle était emprisonné là-bas. Je l'ai suivi... Sans trop réfléchir. Il a réussi à m'enfermer au cœur de l'arène. Je ne m'en suis tiré que par un miracle. Je l'ai retrouvé et tu te doutes que je ne l'ai pas laissé partir en lui accordant ma miséricorde. Malgré la terrible blessure qu'il m'a infligé pendant le combat j'ai réussis à avoir le dessus. Mais au moment où je l'avais à ma merci... Je l'ai laissé filé.

Avais-je eu raison ou tort ce jour là ? Je ne savais plus vraiment... L'épargner m'avait donner le sentiment de lui être supérieur, de valoir mieux que lui. Mais ne lui avais-je pas non plus donné ce qu'il voulait ?

Lyora leva les yeux au ciel. Elle qui croyait qu'il avait renoncé à cette chimère... Mais, au fait?! Le nom qu'il avait prononcé ne lui était pas tout à fait inconnu.

"Shulia, tu dis? Un type très pale et très froid?"

Comme Iledan faisait oui de la tête, l'air étonné, elle poursuivi.

"Je l'ai croisé, une fois. Il ne m'a paru... pas très sympathique, en effet. Je l'avais pris pour un démon.
Un ange, tu dis? Moi qui pensais que tous les anges étaient gentils.
Tu n'es pas le seul à l'avoir épargné, moi aussi, enfin disons que je l'ai soigné, à cette époque."

Elle se détendit brusquement. La tension s'était accumulée, tout à l'heure, et elle était soulagée qu'elle commence à se dissiper. Elle s'étira, en bâillant. Tel que la journée était partie, elle allait devoir se passer de sommeil. Il lui restait encore pas mal de chose à emballer pour son terminer son déménagement, bien que le plus important soit déjà parti.

"Je suis désolée de te recevoir dans de telles conditions, tu sais." Lui montrant la pièce vide.

"En même temps, tu as de la chance que je n'ai pas fini mon déménagement. Mes produits vont être les derniers à partir. Sinon, je n'aurai pas pu te soigner... Et en plus, tu ne m'auras pas trouvé à l'adresse indiquée. Il va falloir que je te donne ma nouvelle adresse pour ta prochaine visite.
Pas dans un mois, si possible." Ajouta t'elle d'un ton légèrement taquin.

"Tu ne devrais pas avoir trop de mal à me trouver, en fait, je pense. J'ai été embauché à l'école. Dès que j'ai fini d'écouler mon stock de marchandise et fini d'emballer mes dernières affaires, je revends la boutique et je m'installe là bas."

Aussi surprenant que cela puisse paraître, Lyora avait elle aussi croisé Shulia une fois apparemment. Dommage qu'elle ait réussi à le soigner, si pour une fois ses talents de guérisseuse lui avait fait défauts nous aurions été débarrassés d'un déchet sur ce monde...
Mais bon les choses étaient comme elles étaient...

- Je suis désolée de te recevoir dans de telles conditions, tu sais.

Vrai que la pièce semblait étonnamment vide. Je n'y avais pas tellement prêté attention jusque là mais vrai que c'était étrange...

- En même temps, tu as de la chance que je n'ai pas fini mon déménagement. Mes produits vont être les derniers à partir. Sinon, je n'aurai pas pu te soigner... Et en plus, tu ne m'auras pas trouvé à l'adresse indiquée. Il va falloir que je te donne ma nouvelle adresse pour ta prochaine visite.
Pas dans un mois, si possible.

Un déménagement... Voilà donc de quoi il était question ! Mais où ? Je notais la remarque taquine, lui répondant d'un ton tout aussi amusé :

- Ne t'inquiète pas, à l'avenir j'éviterai de faire du tourisme au pandémonium.

J'en plaisantais mais j'avais failli y laisser la peau... Au moins cela m'avait servi de leçon. Je n'étais pas prêt de refaire confiance au premier venu.

- Tu ne devrais pas avoir trop de mal à me trouver, en fait, je pense. J'ai été embauché à l'école. Dès que j'ai fini d'écouler mon stock de marchandise et fini d'emballer mes dernières affaires, je revends la boutique et je m'installe là bas.

À l'école ? Voilà qui était plutôt curieux il fallait bien l'avouer. Et dérangeant au vue des circonstances.

- Dans une école ? C'est un travail formidable que tu as trouvé alors ! Néanmoins as-tu réfléchi à la question à fond ? Est-il bien prudent que tu travailles avec des jeunes à la lumière de ce que tu viens de me raconter ?

La question pouvait s'avérer vexante, mais l'objectif était surtout de l'amener à se remettre en question sur ses activités de mercenaires... J’espérais bien que cela la convaincrait d'arrêter définitivement cette activité.
Je savais que Lyora n'était pas mauvaise et pouvait faire preuve de beaucoup de compassion. Si j'arrivais à lui expliciter que ses agissements pouvait mettre en danger d'autres personnes, directement ou indirectement, je pourrais percer à jour cette curieuse contradiction en lui exprimant clairement le paradoxe...

"Non, pas dans une école. A l'école d'Ernelzya. Il n'y en a qu'une apparemment. Tout le monde est sensé y être aller, vu qu'il n'y a qu'elle, si j'ai bien compris."

Par ailleurs, elle avait parfaitement compris le sens du reste de la remarque de l'elfe. Elle s'était fait plus ou moins le même genre de réflection, donc elle ne la trouva pas bizarre.

"Oui, je sais. Comme j'avais essayé de te dire tout à l'heure, faire la mercenaire n'est pas mon activité principale. Je vais essayer de la réduire encore, avec cette embauche, mais je ne suis pas certaine de pouvoir y arriver. Je vais faire de mon mieux, mais ..."

Comme elle venait de lui expliquer, c'était souvent plus fort qu'elle. Elle espérait que tout le travail qu'elle aurait à faire là bas la distrairait suffisamment, ou tout du moins, la fatiguerait assez.

"Je vais avoir pas mal de boulot, j'espère que ça sera suffisant."

D'ailleurs, elle pensait avoir fini le déménagement d'ici la fin de la semaine. Elle avait estimé qu'il lui restait encore une malle d'affaires à emballer. Elle verrait à ce moment là le volume du stock de potions qu'il y aurait encore. Peut être faudrait elle qu'elle les revende aussi à un négociant.

"Ca te dérange si je continue à emballer pendant ce temps? Maintenant que tu ne veux plus te sauver comme un voleur, je ne suis peut être pas obligé de te laisser enfermer ici..."

Elle le regarda tout de même d'un œil soupçonneux. Elle avait l'impression qu'il était du genre à essayer de partir discrètement, même s'il n'était plus autant fâché que tout à l'heure. Elle ne résista donc pas très longtemps à l'envie de le taquiner.

"Si tu me fais un coup fourré, je te boucle à la cave!"

- Oui, je sais. Comme j'avais essayé de te dire tout à l'heure, faire la mercenaire n'est pas mon activité principale. Je vais essayer de la réduire encore, avec cette embauche, mais je ne suis pas certaine de pouvoir y arriver. Je vais faire de mon mieux, mais ...

C'était mieux qu'un déni total, au moins elle allait essayer. Je notais cependant le "mais". Incroyable des fois comme un simple mot pouvait raconter plus de chose que toute une phrase.

- Je vais avoir pas mal de boulot, j'espère que ça sera suffisant.

- Je l'espère aussi...

Mais intérieurement je sentais ce ne serait peut-être pas aussi simple... De ce qu'elle m'en avait dit, c'était un besoin viscéral chez elle, presque une addiction. Pas le genre de chose que l'on pouvait arrêter facilement donc. Je craignais malheureusement que ce désir soit plus fort que tout et que son nouveau travail en pâtisse...
Mais à la limite je préférais autant que l'avenir me donne tort.

- Ça te dérange si je continue à emballer pendant ce temps? Maintenant que tu ne veux plus te sauver comme un voleur, je ne suis peut être pas obligé de te laisser enfermer ici...

Me sauver... J'y pensais encore à vrai dire. Non pas que je lui en voulais encore ou que sa compagnie était désagréable mais... Mais j'avais besoin de bouger d'être au grand air. Inconsciemment, je regardai la porte de la petite demeure, presque avec envie. Mais manifestement la demoiselle ne fut pas dupe.

- Si tu me fais un coup fourré, je te boucle à la cave!

Bon ça avait le mérite d'être clair... Et bien soit. Comme je savais que sur ce point il était totalement vain de négocier avec Lyora je choisi de me résigner à mon sort.

- Très bien, très bien j'ai compris... Dans ce cas laisse moi au moins me rendre utile en te donnant un coup de main pour emballer tes affaires. Mon pied devrait devoir supporter ça.