Je trottinais tout joyeux, l'air frais m'ayant un peu dessoûlé, en compagnie de ma nouvelle connaissance de comptoir. On avança dans les petites ruelles pendant cinq bonnes petites minutes. Le bourg était très grand mais, j'avais la chance d'habiter très près du Bon Picolard. Je finis par faire un petit signe de la main à Karen en lui indiquant une petite maison à l'aspect un peu vieillot mais qui semblait néanmoins très charmante. Cette maison avait appartenu au vieux forgeront qui m'avait recueillit mais, n'ayant pas la moindre descendance, la maison m'avait acceptée comme telle. Je dois d'ailleurs dire que je l’appréciais bien et qu'on avait une certaine petite complicité. Je m'approcha de la porte en bois et lança:

"Hello Gladys, nous avons de la compagnie."

Gladys répondit sur un petit ton taquin:

"Je parie que c'est une compagne de comptoir. Bien que ça m’étonne fortement de toi d'avoir ramené une jeune fille. Tu devais déjà être bien entamé, sinon tu aurais viré au rouge tomate et n'aurais même pas su la salué."

Elle rigola fière de son effet et je devins un peu rouge. Je me tourna vers Karen et lui dis:

"Il ne faut pas trop faire attention à ce qu'elle dit. elle dit souvent des bétises."

"N'importe quoi. En attendant je vous souhaite la bienvenue mademoiselle."

La porte s'ouvrit grand et j'invita Karen à entrer, je passa derrière elle et referma la porte.
La maison n'est pas immense mais elle est chaleureuse. A l'entée se trouve un petit vestibule avec un escalier indiquant un étage supérieur. Une porte à gauche mène sur un petit salon avec un feu ouvert, deux fauteuils usés mais confortables, une table basse, un vieux meuble et une bibliothèque. Le salon donnant également sur la cuisine, salle à manger. La cuisine est simple et entièrement en bois. Le meuble le plus intéressant de la pièce étant le bar remplit de quelques bonnes bouteilles de vin qui faisaient parties de l'héritage que j'avais touché. J'invita Karen à aller s’asseoir au salon et de se mettre à l'aise, pendant ce temps, j'alla chercher dans la cuisine une bouteille de vin et deux verres. Je revins ensuite vers mon invitée et lui montra la bouteille. Je me mis ensuite à la débouchonner et versa un fond de vin dans son verre et lui tendit
pour qu'elle puisse le goûter. Je n'étais pas un expert en vin mais le vieux avait essayé de me transmettre sa passion des bons vins.
J'attendis son verdicts pour savoir si je pouvais la servir

"Ça va, il est bon?"

Même si je connaissais le caractère bien trempé des masures de l’île, je ne pus m’empêcher d’être interloquée par la répartie de ces dernières. La dite Gladys révéla quelques informations croustillantes sur le petit démon. Je n’aimais guère raconter de telles choses mais écouter les autres, en apprendre plus sur eux… Oh c’était si facile dès qu’on avait compris comment capter les détails.

Akira m’invita donc à rentrer. Je m’inclinais un peu comme pour le remercier. Les bonnes manières ne m’avaient jamais quittée malgré ma longue errance et mes souffrances au Pandémonium. Être polie, cela montrait que vous respectiez votre interlocuteur, vous lui donniez de la valeur dans un échange silencieux. Un petit geste qui instaure immédiatement la confiance. Cette confiance si utile pour manipuler et parvenir à ses fins sans que personnes ne puissent sans rendre compte.

L’intérieur de la maison du blondinet était assez simple, toutefois elle possédait cette étrange chaleur que les plus luxueux palaces ne parvenaient pas à capter. Tout était si simple, même la bibliothèque n’était emplie que de quelques volumes dont je parcourais les titres des yeux. Rien de très intéressant… Sauf… Sauf le joli petit bar. Sous ses traits bruts, on pouvait distinguer la lueur des futs de bouteilles, conservés comme de vieux trésors. Même si mon hôte m’avait incité à m’asseoir, je ne pus me résigner à rester assise alors que ces bouteilles semblaient avoir une certaine valeur.

Le petit démon revint plus vite que je ne l’aurais cru, il me tendit un verre et je pouvais distinguer dans ses yeux son impatience quand à mon avis.

Tout d’abord j’huma une première fois le vin. Fruité, fais de raisin et d’une touche de framboise assez particulière, il devait déjà dater d’une bonne décennie car sa robe rosée avait déplu au plus grand consommateur, trop « fifille » pour un vin rouge. Néanmoins, son goût sucré avait séduit un nouveau public. Je fis doucement tourner le vin dans le verre pour libérer ses arômes et je le sentais une nouvelle fois, révélant la puissance du raisin et non plus le sucre de la framboise. Enfin, je porta la boisson à mes lèvres.

J’attendis que le liquide dévoile tous ses arômes avant de donner mon avis, enfin.

"Malgré sa robe rosée pour un vin rouge, il est d’une puissance étonnante et ses arômes sont pétillants en bouche. Je ne sais pas si c’est le rose qui t’a inspiré, mais tu as effectivement bien choisi. Un vin sucré et pourtant coriace en bouche."

[désolée j'ai voulu changer de style d'écriture pour mieux mettre en valeur le caractère de Karen, j'espère que cela ne te dérangera ;3]

Je l'observa avec attention humé le vin, faire tourner le verre puis le ressentir et finir par le goûté telle une grande goûteuse de vin. J'étais impressionné, je ne pensais pas qu'elle si connaissait autant. Elle attendit un peu puis me donna son avis:

"Malgré sa robe rosée pour un vin rouge, il est d’une puissance étonnante et ses arômes sont pétillants en bouche. Je ne sais pas si c’est le rose qui t’a inspiré, mais tu as effectivement bien choisi. Un vin sucré et pourtant coriace en bouche."

*Ouaahh! Elle était aussi douée que le vieux.*
Je lui souris, content d'avoir su trouvé un vin qui lui plaise.

"Ah démasqué! J'avoue sa couleur rosé à un peu influencé mon choix. J'ai pensé au rose de tes cheveux. Je ne suis pas aussi expert que toi mais un vieil homme m'avait recueillit et il m'a transmit son savoir sur le vin et c'est à lui que je dois ces bouteilles et même cette maison. Je suis content en tout cas qu'il te plaise."

Je remplis le verre de la jeune fille et me remplit un verre. Je pris ce dernier en main et m'assis dans l'autre fauteuil. Je leva ensuite mon verre en direction de mon invitée.

"Santé, partenaire!. Et à de nombreuses aventures ensembles!"

H RP: Non c'est très bien. Et t'inquiète pas, tous les styles d'écritures me vont ^^

Ah, le rose, encore le rose toujours le rose… d’un côté, je ne pouvais reprocher à personne de trouver cela inhabituel de rencontrer une pseudo humaine aux cheveux roses. J’avais hérité de cette couleur voyante de mes grands-parents. Aujourd’hui je considérais cette couleur comme extrêmement utile, sous ce rose si flamboyant personne ne pouvait connaître mes véritables intentions. Comme un sourire, la couleur suffisait à convaincre de ma bienveillance, quelle erreur.

"Je ne suis guère surprise… Ton vielle homme ? Il t’a recueilli ici à Ernelzya, c’est ça ?"

Je n’avais pas oublié la discussion que nous avions eue au bar. Je ne pouvais m’empêcher de vouloir connaître le fin mot de son histoire. Qu’est-ce qui pouvait l’avoir poussé ici... Toujours utile de savoir ce que les démons avaient fait au Pandémonium, même les événements les plus « récents ». Je connaissais la plupart des affaires des terres du dessous, oh un petit démon persuadé par-là, un autre tué… Il fallait bien montrer sa puissance et son intelligence pour se faire respecter.

Je m’échappai de mes pensée et leva mon verre avec le petit démon.

"Santé !"

Attendez… Comment ? De NOMBREUSES aventures ? Oh il n’allait pas être déçu du prochain tour au Pandémonium…

[génial <3]

La salle de bain était à l’étage, comme il me l’avait indiqué lors de la visite sommaire qu’il avait faite de ces lieux. Les vieux escaliers de bois grinçaient sous mes pas, un bruit bien peu agréable pour mes oreilles. Le démon sauta les marches quatre à quatre sans faire attention à moi, il semblait si contrarié et désolé pour son geste malencontreux. Je l’avoue, je n’étais de toute manière pas enclin à parler. Je n’aimais pas cette situation car je savais où cela m’amènerait.

Le démon disposa une serviette sur le rebord de l’évier et se précipita dehors pour me laisser enfin seule. Je l’entendis dégringoler les marches aussi vite qu’auparavant, pressé de réparer sa bêtise.

S’il savait seulement qui j’étais devenue… Il aurait encore plus peur.

Je me déshabillais donc, laissant auparavant l’eau chaude couler dans la baignoire.  La baignoire était étrangement propre, d’un blanc presque immaculé… Qui me fit vomir intérieurement. Je haïssais le blanc, je le haïssais de tout mon être.

Quelques minutes s’écoulèrent avant que je ne ferme le robinet, me laissant glisser dans l’eau chaude. J’utilisai le vent pour rafraîchir un peu l’eau. Je n’avais certes plus aucunes cicatrices de mes combats au Colisée du Pandémonium, mais les blessures de mon dos… Je n’avais jamais réussi à les guérir totalement. Mes ailes repoussaient péniblement alors qu’elles avaient été arrachés il y avait déjà plus de 100 ans. Tout autour de mes omoplates, il y avait des petites griffures qui peinaient encore à cicatriser. Tout simplement car, même avec le peu de pouvoir de soin que j’avais encore, je n’arrivais pas à cibler cette partie.
Toutes mes autres cicatrices avaient disparus grâce à ce procéder, rendant impossible pour un non-connaisseur de savoir par quelle tourmente j’étais passée au Pandémonium.

J’appuyai délicatement mon dos contre le rebord froid de la baignoire alors que mes membres se relâchaient dans l’eau. J’entrepris d’attraper le savon et me détendis dans ce bain bien plus agréable que ce que je pensais.

Mes pensées se mirent à vagabonder vers mes projets pour l’avenir. Cette Erinyes était si têtue, si jeune, si stupide… Je frappai du poing l’eau qui s’échappa un peu de la baignoire, laissant quelques gouttes ruisseler vers l’extérieur. Au moins, j’avais demandé, elle ne voulait pas partir ? Elle en subirait les conséquences… Il fallait que je sache, il fallait que je découvre QUI était son ancêtre. J’avais lu tant de livre sur cet esprit, je me disais qu’en menaçant sa descendante, je la ferais peut-être sortir de son trou. Mais rien.

J’étais pourtant certaine de la légende, surtout quand les démons ayant tentés de la tuer étaient revenus au Pandémonium avec des faits ubuesques. Personne ne les avait crus à l’époque, sauf moi. C’était à ce moment-là que j’ai gagné la confiance des démons et surtout que je leur avais prouvé ma force en tuant les réfractaire. Petit à petit j’avais mené ma croisade sous terre. Tapis dans l’ombre, personne à la surface n’avait encore compris les changements drastiques qu’avait subis le Pandémonium. J’avais menacé, tué, exécuté tous ceux se mettant en travers de mes plans. Aidant à la surface les villages, les villes, repérant leurs points faibles pour mieux les exploiter. J’étais si proche du but mais il me manquait encore une chose : où était-elle ?

Petit esprit, petit esprit… Où te caches-tu ? Petit esprit, petit esprit… C’est bientôt le sang qui te va te tuer… Petit esprit, petit esprit…

J’entendis frapper à la porte, brisant par la même occasion toutes mes pensées. Je lança un regard vers la porte. S’il savait ce qui tramait… Bon je pouvais encore le tuer mais je ne voulais pas ça et puis sa maudite maison n’aurait de cesse de raconter ce qui se serait passé.

J’envoyai donc une première bourrasque vers la porte pour l’empêcher d’ouvrir si c’était ce qu’il comptait faire dans l’immédiat, puis en fit une seconde pour m’apporter la serviette déposée sur le lavabo. Je m’enveloppa rapidement dans cette dernière en faisant bien attention de dissimuler mon dos.

[merci <3 et tu as le privilèges de la recevoir chez toi ahahah xD]

Je ne m’étais pas trompé, il était bien remonté. Il resta néanmoins assez poli pour s’annoncer avant d’entrer. J’avais tout de même préféré me sécuriser, avec l’alcool, on ne sait jamais.
Je lui répondis d’entrer, pour ne pas paraître plus suspicieuse que ça. Ma peau était perlée d’eau et mes cheveux gouttaient doucement. Un simple coup de vent un peu chaud et je serais sèche en moins de temps qu’il n’en faut pour dire « ouf ».

…

Mais qu’est-ce qu’il attendait à rester planter là ? Je n’aimais définitivement pas ça. Connaissant un peu sa maladresse habituelle, je me prémunissais contre tout problème mentalement. Il rougissait, il rougissait tel un phare dans la nuit. Il n’avait  décidément pas l’habitude de voir une fille tous les jours.

"Merci" lui dis-je sur un ton un peu plus froid pour lui montrer que je n’avais pas non plus besoin de lui dans la salle de bain pour me revêtir.

Il s’éclipsa, claquant la porte derrière lui comme un voleur. Hum… La porte s’entrouvrit de nouveau. Pourtant, il venait de la claquer… Je m’approchais de la porte pour la refermer définitivement. Puis, je tournais le verrou pour me permettre de me rhabiller tranquillement.

J’inspectai d’abord le pantalon qui était comme neuf. Puis, je pris soin de chacun de mes habilles, de ma chemise en passant par mon gilet. Je pus alors lancer du vent pour me sécher entièrement avant de remettre mes habilles.

En quelques minutes, j’étais de nouveau prête à sortir. Je tournais le verrou et laissa ma tête s’échapper pour vérifier où était encore passé mon hôte en espérant que cette fois… Il n’y aurait pas encore de maladresse.

Son discours « touchant » sur l’amour m’écœura presque. Néanmoins, j’appris un peu plus sur son histoire : sa mère l’avait donc sauvé ? Et juste grâce à un unique mouvement il en déduisait que le monde entier pouvait changer ?

Il me faisait rire intérieurement !

J’avais été élevé dans l’amour le plus parfait au tout début de ma vie, je n’avais rien de spécial et l’amour suffisait amplement à combler mes manques. Mais une fois cet amour retiré, on devient quoi ? Une loque, un déchet de la société. Comme les démons. Pour changer tout un monde, il n’y avait d’autres solutions que d’éradiquer ce monde, repartir sur de nouvelles bases. Les gens ne changent pas en quelques secondes, juste avec des beaux discours. Il faut des millénaires pour y parvenir ! On lance un grain de sable pour faire basculer la machine. Un grain de sable ce n’est rien et la machine continue quand même de tourner.

L’amour… Quelle hypocrisie.

On n’aime que ce qui nous plaît. Peut-être que sa mère n’était revenue que parce qu’elle préférait mourir et non pas pour le sauver, ce qu’il a vu c’est ce qu’il voulait croire… Qui peut dire qu’elle était vraiment revenue pour lui ?

Rien, juste une impression stupide au fond de son cœur.

Et mes parents dans tout ça, avaient-ils tenté de me retrouver ? Eux qui étaient le symbole même de l’amour des anges purs ? Non, ils ont préféré me croire morte, parce qu’il était si facile de croire en ma mort plutôt que de penser aux pires atrocités. Aller donc me parler de sincérité après ça !

"Tu y crois donc vraiment…" dis-je dans un murmure

Je ne pus m’empêcher de lever une remarque, une remarque qui partit bien trop vite.

"Alors pourquoi catégorise-t-on les gens selon leur espèce ? Pourquoi un ange noir serait-il nécessairement mauvais ? Pourquoi depuis des siècles les démons sont-ils considérés comme naturellement mauvais ?"

Bien sûr, je sentis que ma remarque était partie trop loin et risquée de me trahir. Je me tus une seconde.

"Pourquoi… L’amour rend-il aveugle… On ne voit que ce qui nous plaît, la vérité est si loin de nous."