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Wanaël s'était simplement endormie contre Elensar, restant décidément incapable de se lasser de son contact, surtout dans leur "tenue" actuelle. Elle sentait encore son corps tout entier engourdi par ses caresses et tous les gestes auxquels il s'était donné avec tant de vigueur.

Elle se rendormit avec cette douceur et cette passion à fleur de peau, se promettant encore et toujours d'en faire encore plus rien que pour lui, juste pour tenter de le rendre heureux, pour tout ce qu'il s'évertuait à lui offrir.

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Elle se trouvait dans les rues du bourg, joyeusement animées comme très souvent. Elle était en compagnie de Luya, d'Ange, de Lyra et de Ruby. Toutes les 4 partaient en délire total de fille en ayant pour objectif de s'acheter une jolie tenue pour faire plaisir à leurs hommes respectifs.

Ce qui était déjà absurde et illogique vu que, déjà, Wanaël n'était pas trop de ce genre-là, et qu'en plus, actuellement encore, Lyra et Luya étaient célibataires. Mais dans le monde des rêve, rien n'était vraiment logique, pourtant, une fois dedans, ce genre de chose paraissait le plus normal du monde.
En fait, la seule chose logique était le fait que Wanaël y avait été entraînée par cette joyeuse bande, tellement amoureuse d'Elensar qu'elle s'était dit "pourquoi pas", juste pour tenter, en se souvenant de ses réactions quand elle s'était habillée en femme. Et que c'était justement parce qu'elle voulait retrouver ce regard qu'il avait eu qu'elle avait cédé et était venue.

Tout se déroulait merveilleusement bien, d'une manière très banale. Elles entrèrent au Prince Charmant, où la gérante démoniaque n'hésitait pas à se faire très convaincante pour vendre ses produits, à l'aide de ses charmants mannequins masculins de toutes les races pour assister les clientes.

Ce magasin avait cette réputation comme quoi on ne pouvait pas en sortir sans y avoir acheté quelque chose, et en général, c'était le cas, entre la vendeuse qui aguichait tous les clients masculins, et qui envoyait ses beaux employés faire de la vente aux clientes.

Toutes furent fidèles à elles-mêmes : Ruby dévalisait le rayon des sous-vêtements les plus affriolants les uns que les autres, s'amusant même un peu à faire tourner la tête des beaux employés.
Lyra était à fond sur les soieries et les accessoires, tous plus différents les uns que les autres, Luya à fond dans des robes de princesse magnifiques, et Ange sur des tenues toutes aussi resplendissantes.

Wanaël, elle, hésitait, ayant décidément toujours un peu de mal à se sentir à sa place dans ce genre de lieu. Toutefois, repensant à son objectif, à savoir plaire à Elensar, en se disant que, quelque part, c'était ce qu'il voulait, une femme, et non un garçon manqué, elle tenta.

Sauf que naturellement, elle se choisit une tenue...très sobre. De voyage, et assez sombre. Décidément, elle en avait encore à apprendre dans le domaine !

Ce fut Luya qui trouva de nouveau pour elle, lui présentant une robe merveilleuse.

Elle n'eut pas besoin d'aller en cabine. Elle changea aussitôt de tenue, ce qui, dans la réalité, même à Ernelzya, était impossible.

Ainsi se retrouva-t-elle avec une robe ample et simple, descendant jusqu'à ses chevilles, d'une couleur cyan unie mais brillante absolument de partout, rappelant un peu ses yeux argentés. Elle n'avait pas de bretelles, le haut tenait tout seul, et son dos était complètement dénudé. Le tout avec des gantelets en tissu assortis, et les sandales de même. Pour terminer, elle se retrouva avec ses longs cheveux attachés, ramassés juste au-dessus de sa nuque, laissant juste deux fines mèches tomber sur les côtés de son long visage fin, ses oreilles pointues complètement visibles cette fois accentuant la finesse de ses traits pour la peine.

- C'est trop, il ne va pas me reconnaître...

fit-elle en rougissant un peu, tandis que les filles se moquaient un peu d'elle gentiment pour cette réaction.

- Mais est-ce que toi, tu le connais vraiment ?

Une voix masculine, qui la surprit.

Elle se retourna vivement, et elle n'était plus au même endroit. Elle était de nouveau quelque part dans la Forêt Noire, cette fois revenue dans sa tenue habituelle, violet, avec ses longs cheveux détachés.

Mais ce n'était pas du tout ce genre de chose qui pouvait perturber une personne dans un rêve. C'était même quelque chose qui paraissait tout à fait banal, surtout pour les Ernelzyens qui avaient cette habitude dans leurs propres maisons. Sauf pour le changement d'apparence sur soi-même, mais bon, dans ce rêve, ça lui parut tout à fait banal.

Aussitôt, elle perdit son sourire, son visage s'assombrit, comme redevenant celle du passé. Et cela s'entendit aussitôt dans le ton qu'elle employa, brutal et glacé :

- Casse-toi, et fous-moi la paix une bonne fois pour toutes !

- Tu es inconsciente, Wanaël...et décidément pervertie par les idéaux d'Ernelzya.

Wanaël se retourna vivement, et à temps pour envoyer un coup de poing dans la figure de son interlocuteur : son ancien époux, celui avec qui on l'avait forcée à se marier quand elle avait 15 ans. Mais celui-ci fut rapide, il lui bloqua le poignet. Elle réagit très vite en ripostant avec un vif coup de genou dans son entre-jambe, le surprenant, lui faisant lâcher prise sur le coup de la surprise, et donc lui permettre à elle de se libérer, et surtout, de reculer, imposant une distance plus ou moins sécuritaire entre elle et lui.

Son regard était glacial.

- Combien de fois faudra-t-il que je te tue pour que tu me foutes enfin la paix ?

Sûr qu'entre toutes les fois où elle avait tenté de se débarrasser de lui...d'ailleurs, dans ce rêve, elle le remarqua tout juste, mais il possédait une autre cicatrice : une qui faisait tout le tour de son cou. L'endroit où elle l'avait décapité devant tout le monde, poussée par le désespoir et la peur par la pression que lui mettaient les autres, un acte qu'elle avait toujours détesté dans le fond. Mais qui devait normalement signer définitivement son exclusion...

- Tu es à moi, Vipère. Je t'ai gagnée. Ce jour, tu m'as déshonoré en refusant de te donner à moi. Et encore plus quand tu m'as tué devant tout le monde. Ce n'est pas le comportement d'une femme. Je ne trouverai pas le repos tant que je n'aurai pas eu ce qui m'est dû !

- Dégage. Définitivement.

- Et pire encore...quand je te regarde, je vois que tu continues dans la voie de la perversité. Tu m'as trahie !

- C'est toi qui m'as trahie en me prenant par surprise, et en rapportant à tout le monde à quel point je m'étais transformée. Et je ne t'ai jamais promis quoi que ce soit.

- Tu as choisi un autre homme ! Et pire encore, tu t'es donnée à lui, tu l'as laissé te toucher, t'embobiner...mais ce n'est pas de ta faute...tu es une femme, tu es sans défense contre ce genre de chose. Je n'étais malheureusement pas là pour le tuer et te remettre sur le droit chemin. Le mien !

- Tu es mort. Tu n'as pas à choisir pour moi. Tu es comme tous ces hommes qui ont besoin de se sentir supérieur en infantilisant les femmes, pour vous rassurer...c'est tellement plus facile que d'affronter ses faiblesses !

- Que de bêtises...en quoi crois-tu qu'il est différent ? C'est un homme. Dans le fond, il ne te respecte pas. Tu crois qu'il t'a choisie pour ta façon de penser absurde et sans intérêt ? Que tu es idiote ! Il a le même désir que tous, il te veut toi juste parce que tu as de la valeur physiquement ! Tout ce qu'il veut, c'est en profiter, et crois-moi, quand tu le lasseras, il finira par te laisser tomber pour une autre...

- Tu dis n'importe quoi...

- Un homme est un homme. Une femme est une femme. ça ne changera pas. Une femme n'a pas besoin de réfléchir. Tes petites réflexions ne l'intéressent pas. Il veut juste te posséder. Comme tous, parce que c'est normal. Il m'a pris ce qui m'appartenait !

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- ELENSAR N'EST PAS COMME çA !

rétorqua-t-elle assez vivement, si vivement que cela sortit même de sa gorge.

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- Il l'est. Comme tous. Un jour, il t'abandonnera, il n'est pas fait pour toi !

- Hors de ma vue. Va en enfer.

- Pas sans toi ! Tu es à moi ! J'ai tout fait pour te mériter ! Je récupérerai mon honneur, et là seulement, je reposerai en paix !

ragea l'autre, tout en s'élançant vers elle, qui riposta, afin de ne pas se faire attraper.

- Sors de ma vie. Définitivement.

Quand il s'élança vers elle, ayant du mal à se mouvoir vu tout ce qu'on lui imposait dans son esprit, se concentrant plutôt à ne pas céder, Wanaël demanda doucement à Baynar de l'aider. Elle ne pouvait pas tout faire à la fois. Alors ce fut ainsi qu'il la fit bouger, pour éviter à tout prix de se faire toucher. Wanaël, elle, essayait de rester concentrée afin de ne pas subir les effets négatifs que pouvaient avoir trois intrusions dans son esprit à la fois. Déjà qu'un, c'était beaucoup, alors trois...

Par chance, son âme était jumelle avec l'une des trois. Qui ne pouvait donc pas lui faire du mal, même sans le vouloir. Et par chance aussi, une autre de ces intrusions n'était pas là pour la vaincre aussi, mais bien tout le contraire. Toutefois, elle devait quand même lutter, afin de ne pas succomber à tout ceci. Ce genre d'intrusion était dangereux, après tout. Combien de fois les elfes noirs manipulaient leurs victimes de cette manière, modifiant complètement leurs souvenirs pour mieux les avoir.

Wanaël s'était beaucoup entraînée contre cela. Au début, ce fut son père qui lui avait appris comment faire, par peur qu'un autre chef de clan puisse la lui voler, mais il en avait connu le revers de la médaille : quand sa fille avait décidé de se rebeller contre lui, ça avait fait qu'il n'avait pas pu modifier ses souvenirs pour que tout redevienne comme avant entre eux...parce que décidément sans scrupule, forcément, il avait essayé, aussi, dès le départ ! Mais il s'était confronté à sa propre réussite à ce niveau : Wanaël n'avait plus un esprit malléable à souhait, et savait très bien se protéger à ce niveau.

Petite, Wanaël avait forcément accepté cet apprentissage. Pour elle, à cette époque, cela signifiait passer des moments privilégiés avec lui, et d'autres occasions pour tenter de le rendre fier d'elle, de gagner son respect et son affection. Même si ce fut très dur et douloureux. Oui, elle lui avait été dévouée. Et c'était au final ce qui l'avait la plus blessée dans toute cette histoire. Que tous ses efforts envers lui avaient été vains. Il avait été un homme mauvais, oui, mais...elle était sa fille malgré-tout, et cela ne changerait pas.

Puis soudain, une autre personne arriva. Wanaël se sentit mal, elle s'appuya contre l'arbre le plus proche. Elle devait tenir. Juste lutter contre toutes ces intrusions afin de ne pas en avoir de séquelles.

Et une personne. Dont l'image la surprit tout d'abord, avant de la glacer sur place. Et ce juste avant de se rappeler la vérité qu'Elensar lui avait racontée.

Toutefois, elle ne put quand même pas s'empêcher de ressentir quelque chose qui la maintenait de marbre. Après tout, ce visage, elle l'avait vu pendant longtemps. Pendant longtemps, elle l'avait fixé dans les yeux en lui demandant "Pourquoi ?". Pendant longtemps, elle l'avait accusé d'être responsable pour la vie qu'elle avait eue. En même temps, logique, comment aurait-elle pu penser autrement ?
Devant ce visage, son père lui avait dit qu'ils étaient supposément ses descendants, mais ça, elle avait du mal à se l'imaginer, surtout vu tout ce que ce peuple croyait...

Ce type, elle l'avait insulté, aussi. Refusant de lui vouer du respect, et encore moins de s'incliner devant lui, qu'elle avait accusée de tout, car ayant grandi dans ces mensonges à son propos.

Alors oui, fallait admettre que ça lui faisait drôle de le "voir", là, comme ça, même en illusion...trop parfaite. Après tout, la preuve-là, les esprits des morts pouvaient revenir. Alors pourquoi là, ça ne serait pas le cas pour le concerné ?

Enfin, là, Elensar avait plutôt de la chance à ce niveau. Là, en face, il n'avait pas le père de Wanaël, qui était beaucoup plus malin que ça malgré sa mentalité sanguinaire. Là, il n'avait qu'un sous-fifre, qui en avait seulement dans les muscles et pas beaucoup dans la tête. Contrairement au Grand Chef (d'où le statut, d'ailleurs !).

Du coup, il tomba complètement dans le panneau, faisant bien moins le fier, et s'écrasant complètement sur le sol en guise de respect bien profond. Ce n'était pas le père de Wanaël après tout, qui lui, ne se serait pas laissé berner aussi facilement.

- Seigneur ! Je sais que je vous ai déçu ce jour-là, mais c'est de sa faute, c'est elle qui m'a humilié le jour de ma gloire ! Je souhaitais simplement reprendre ce qui m'appartenait...toute sa vie, elle n'a fait que vous déshonorer, contrairement à moi ! Elle nous a conduit à notre perte ! A moins que vous la souhaitiez en guise d'offrande pour calmer votre colère envers une telle humiliation...

Wanaël en avait assez. Elle se sentait...de nouveau infériorisée, oui, c'était le mot. Comme si elle n'était de nouveau qu'une vulgaire marchandise, bien que de valeur. ça l'agaçait. Elle était une personne. Qui savait penser.

Une colère sourde s'empara d'elle. Les rêves, ou cauchemars, reflétaient souvent ce qu'on contenait à l'intérieur, et qu'on ne pouvait exprimer. Révélant parfois des choses inavouables, des choses qu'on ne voulait pas mettre à jour, et surtout, retenir, pour les oublier.

Ainsi se redressa-t-elle, plus glaciale que jamais, mais surtout assombrie. Dangereuse. Elle n'en pouvait plus, d'eux. Elle voulait qu'on la laisse vivre sa vie avec Elensar et Baynar. C'était tout.

Elle fut au niveau de l'elfe, envoyant d'abord d'un ton glacé :

- Ne parle pas de moi de cette manière...

[Passage Caché - Violent]


Avant de soudainement se rendre compte, une fois l'abcès crevé. Elle pâlit, se sentit mal, son expression se décomposa. Que venait-elle de faire ?

C'était comme si elle avait perdu conscience pendant quelques instants, trop affaiblie, trop malmenée, cédant à toute cette pression accumulée par toutes ces "attaques" sur son esprit. Elle avait donc cherché naturellement à se défendre, à repousser, bien qu'elle avait fait en sorte de ne viser qu'une seule personne.

Et là, d'un coup, c'était comme si elle se "réveillait".

- Qu'est-ce que j'ai fait ?

Elle n'eut pas le temps d'y réfléchir. L'autre la saisit par le cou, vivement, envoyant :

- Puisque tu n'as de cesse de vouloir m'échapper, je t'emporte avec moi...et rejoignons notre Seigneur ! Tu apprendras à le respecter...