Il y a des années de cela, deux anges mirent au monde un enfant béni par les rayons du soleil et le vent soufflant doucement. Leur progéniture se nommait Fenhild, une belle et douce jeune fille au teint pâle, aux cheveux ébènes et un regard aussi pur qu'un joyau tout juste poli. Qu'elle est jolie, répétait inlassablement le Royaume Céleste. La petite eut une enfance paisible, remplie d'amour et autres joyeusetés, elle n'était sûrement pas à plaindre.

Elle grandissait à vue d'œil et devenait de plus en plus féminine, elle portait de très longues robes voluptueuses, somptueusement confectionnées à la main par sa très aimante mère ; cette dernière voulait combler sa fille le plus possible, il ne fallait qu'elle ne manque de rien. Fenhild protégée par son cocon se forgea un caractère très capricieux avec des envies démesurées que ses parents essayaient toujours d'exaucer. Être fille unique a des bons côtés...

Les années passèrent sans que Fenhild ne quitte le cocon familial, elle s'y sentait si bien ! Mais la demoiselle ne s'interdisait pas diverses sorties où elle volait le plus haut qu'elle pouvait, espérant un jour atteindre le soleil. Cet astre l'admirait, il était si beau, si lumineux. Elle fermait les yeux et tendait sa main le plus haut qu'elle pouvait. Mais c'est si chaud. Elle était si rêveuse...

Ses parents ne trouvèrent plus de terrain d'entente, et ils se disputaient mutuellement assez souvent. Le petit ange espérait qu'ils arrêtent, mais cela pouvait durait un moment. D'ailleurs, ils ne dédaignaient plus à se regarder. Fenhild éclatait assez souvent en sanglots, elle pensait que sa naissance était la cause de tout, que ses caprices n'avaient fait que creuser l'écart entre les amoureux d'antan.

Elle ne souriait plus, elle ne sortait plus, elle n'était plus que l'ombre d'elle-même ; une âme errante. Ses parents trop occupés avec leurs histoires, ne prêtaient plus attention à elle. Fenhild était rongée par le chagrin, plus rien ne l'amusait, tout l'attristait. L'ange sortait alors pour se poser sur un nuage et songeait.

Est-ce de ma faute ? Mon pêché... Est-il ma simple existence ? Je ne veux pas leur gâcher la vie, je veux qu'ils continuent de vivre heureux... Je... Je... Je...

Elle pleura, tout cela était insoutenable.

Je suis désolée. Suis-je le centre de vos désaccords ? Je promets de ne plus rien vous demander. Je promets de vous laisser tranquille. Je vous promets de ne plus être dans vote chez vous. Oui, je partirais. Loin d'ici. Là où je pourrais toucher le soleil, là où je ne causerais du tort, là où je pourrais vous voir vivre heureux.

Elle posa délicatement le mot écrit de sa plus belle plume, puis se rendit dans sa chambre avec la fine paire de ciseaux que sa mère utilisait pour coudre ses robes. Fenhild pleura avant de pointer la pointe en direction de sa gorge.

« Fenhild ! Que fais-tu ? Tu ne comprends pas ! Tu sais ce... 
– Je sais très bien que c'est de ma faute si vous n'arrivez plus à vous entendre. J'en ai toujours trop demandé, toujours trop, toujours plus, je n'en faisais qu'à ma tête, je n'en peux plus de vous voir vous déchirer. Je... Je... Je... »

La paire de ciseaux claqua sur le sol et Fenhild s'envola loin, très loin et le plus vite qu'elle put, sans retourner.

Ils allaient pouvoir être heureux.

Adossée un arbre Fenhild pleurait et un loup noir comme le charbon non loin de là s'approchait.

« Dis-moi mon enfant, pourquoi pleures-tu ?
– J'ai l'impression de ne causer que du tort aux autres, je ne sais plus quoi faire, je ne sais plus où j'en suis.
– Ah... Une si belle âme et d'une pureté sans égale... Que dirais-tu si je la peignais de noir ? »

Le loup se transforma ; cela était un démon vicieux qui n'en voulait qu'au cœur de Fenhild. Il resserra l'étau sur elle et elle fut sous son emprise grâce à de la magie noire. L'ange perdit connaissance.

Lorsqu'elle se réveilla, elle était au Pandémonium avec des ailes plus noires que jamais. Son âme était à jamais corrompue et elle ne voulait que servir le mal et la royauté du Pandémonium. Fenhild ne se rappela jamais de son passé, qui sait ce que le démon lui avait fait...
On lui apprit à manier deux épées et à jouer sur sa vitesse d'enchaînements. Elle continue à s'entraîner le plus souvent possible. Désormais elle manie l'élément du feu et est tout à fait apte à créer des portails vers cet Enfer.

Aujourd'hui assassin, répondant à des « commandes », une nouvelle page de son histoire s'écrit... Qui sait ce qu'il adviendra. Retrouvera-t-elle un jour la mémoire ou est-elle condamnée à ne pas connaître son passé ? Ses parents reverront-ils son âme errant dans ce monde ?