Le silence fut instantanément brisé, lorsque Erinyes complimenta la beauté du lieu.

"Merci !" répondit poliment Layla.

La Reine des Elfes pouvait ressentir le malaise ambiant.
C'est vrai. Ils étaient tous les trois réunis, peu de temps avant qu'une alliance ne soit faite, et ils n'avaient, semble-t-il, rien de mieux à se dire...

Alors ne désirant pas passer pour une personne froide et sans conversation, Layla ajouta:

"Tout a été bâti il y a déjà bien longtemps...
Je n'y suis que trop habituée, personnellement !
Mais je peux concevoir que quand on n'en a pas l'habitude, ce doit être assez impressionnant à voir !"

Elle sourit de façon très chaleureuse à la Reine de Mythra.

C'est alors que Shintarô vint à poser une question, au sujet de la véritable raison qui avait poussé Layla à accepter une alliance avec eux, si rapidement.
Malgré sa méfiance, ce dernier semblait s'ouvrir peu à peu, même s'il mimait de l'arrogance. Layla devinait qu'il essayait tant bien que mal de s'intégrer
à la conversation, à sa manière.

"Vous savez, comme je l'ai expliqué, mes parents, bien avant moi, étaient des gens biens sous tout rapport...
Du moins, pour le peuple elfique qui les vénérait. Mais ils étaient aussi très envieux, et rancuniers.
C'est ainsi qu'ils ont gouverné le peuple elfique pendant des siècles..."

Layla baissa les yeux...

"Leur rancune a évolué au fil du temps, et s'est, peu à peu, changée en haine,
envers tout ceux qu'ils jugeaient comme étant impurs... Les démons, les hybrides, certains humains..."

Elle releva la tête, fièrement.

"Quand je suis arrivée sur le trône, j'avais en face de moi un peuple entier aveuglé par des années de discours violents.
J'ai développé mon propre sens de la justice, et mon combat, c'est d'instaurer plus de tolérance, un jugement plus juste envers autrui,
peu importe ses origines... Un climat pacifiste en somme."

Elle marqua une pause, et se dirigea, sans se montrer, vers le grand balcon, pour observer ce qui se passait en bas. Hélios courait partout,
s'arrêtait de temps à autres pour discuter avec les gens, les informer. Puis il reprenait sa course, précédé par les soldats Mythran et elfiques,
qui coopéraient ensemble, à la grande surprise de Layla.

"Si seulement cette alliance pouvait leur ouvrir les yeux...
Au delà de l'aspect stratégique pour cette hypothétique guerre, c'est ce que je souhaite..."

1, 2, 3…

Une centaine. Deux centaines… Hélios avait perdu le compte en cours de route. Il s’était mis plus à l’écart de la foule pour éviter de se faire happer par cette dernière. Le Chef d’Armée continuait de donner des ordres aux gardes : protéger la population, veiller à ce qu’aucune personne armée ne soit présente, surveiller les toits… Avec ces nobles, les démons qui se doutaient de l’intention des dirigeants de Mythra de s’allier avec les Elfes, un rien pouvait faire tout flamber.

L’elfe améthyste était un peu rassuré. La plupart des gens lui avait prié de donner leurs excuses au Roi, un simple moment d’égarement quand « l’attaque » avait commencé. Ils avaient eu peur, ils avaient mal agi. Mais quand même, un Hybride ! Les elfes étaient restés sous le choc et continuaient de chuchoter entre eux malgré les paroles rassurantes du Conseiller. On ne changeait pas avec quelques mots des siècles de haines et de peurs. Hélios était bien placé pour le savoir car lui-même n’était pas des plus tendres avec Shintarô. Il se méfiait et c’était déjà un pas en avant par rapport à d’habitude ! Il n’aurait pas été Roi, un invité de sa Majesté, il l’aurait sans doute sommé de partir sans demander son reste. Oui, l’elfe n’aimait pas les hybrides, les démons et il avait même tendance à se méfier des anges. Les humains étaient ceux qui se rapprochaient le plus de la « normalité » à son goût.

Oh, il essayait bien de s’ouvrir ! Toutefois, il restait toujours avec un ton condescendant…

"…Chef ? La zone est sécurisée, quels sont vos ordres ?"

Hélios se mit à fixer le jeune soldat elfique qui avait perturbé sa réflexion. Alors, il était temps.

"Prévenez la population, l’annonce aura lieu dans 5 minutes. Que tous les soldats restent à leur poste, est-ce clair ?"

Le soldat hocha la tête en répondant un « oui chef ! » légèrement tremblotant. Il le vit s’évaporer dans la foule, disséminant l’information. A son tour, Hélios se dirigea de nouveau vers la grande salle. Il invita les soldats de Mythra à continuer de suivre ses ordres. Ils étaient tout penauds, aussi ils restèrent derrière la porte de la grande salle pour « surveiller » comme le disait le Chef d’Armée.

Avec douceur, il rouvrit les portes de la salle pour annoncer aux souverains qu’ils allaient devoir aller vers le balcon.

Les trois souverains s’étaient rapprochés et l’elfe fut surpris de voir l’Hybride arboré un sourire. Il toussota un peu pour signaler sa présence.

"Navré d’interrompre votre conversation, mais les préparatifs sont achevés."

Il se rapprocha, les mains derrière le dos.

"J’ai parlé au peuple pour éviter tout incident. D’ailleurs, certains ont émis le souhait de présenter leurs excuses pour ce comportement indigne. J’espère que vous leur pardonnerez."

Légèrement pensif, il ne put s’empêcher de donner une petite mise en garde, une leçon bien à sa manière.

"Je pense ne pas avoir besoin de le dire mais agissez tous avec tact et montrez votre cohésion. Ils sont tous un peu sceptique et surtout ils ont peurs. Il y aura sans doute des regards, des chuchotements, hélas. Montrez leur qu’il n’y a aucune raison de s’inquiéter par rapport à l’alliance. Utilisez votre sincérité et tout ira bien."

Hélios ne voulait pas vraiment qu’ils parlent du Pandémonium mais plutôt de cette « paix » qu’ils semblaient espérer tous les trois. L’elfe jeta un petit regard interrogateur vers Layla, ignorant quel ton avait pris la conversation en son absence. Elle lui en parlerait sans doute plus tard.

Après quelques minutes, pour leur laisser le temps de se préparer psychologiquement, il se dirigea vers le balcon. Il invita le petit groupe à y pénétrer en premier alors qu'en bas on pouvait déjà entendre:

"Sa Majesté Layla Aiwë Lyndis et les souverains de Mythra !"

Lui resterait en arrière mais tout de même visible pour le peuple, pour les rassurer eux et aussi ces gosses.

Suite aux paroles de Layla, Erinyes ne put s'empêcher d'émettre une certaine similitude entre la Rein elfique et elle-même.
Mais à la grande surprise de Layla, elle fit vite marche arrière, s'excusa en prétendant ne pas vouloir la froisser.

"Mais non, voyons ! Pourquoi vous excusez ?" demanda Layla d'un ton se voulant rassurant.
"Vous avez le droit de penser cela. D'ailleurs, je me retrouve aussi un peu en vous, à mes débuts...
Rien n'était gagné, et je me sentais horriblement mal quand il fallait prendre des décisions importantes..."

Layla eut un léger rictus amical.

"Donc vous n'avez pas à vous excuser !"

Les paroles de la Reine des elfes semblaient toucher le Roi Shintarô, qui changea radicalement d'attitude, affichant un sourire conquérant.
Layla était heureuse de constater qu'ils avaient fini par s'entendre, et se réjouissait de pouvoir désormais compter de nouveaux amis.

Hélios revint dans la grande salle pour les informer que tout était prêt.
Il ajouta que certains sujets étaient même prêts à s'excuser après du Roi de Mythra, ce qui donna encore plus le sourire à Layla,
qui voyait la tournure des événements d'une façon plus optimiste que jamais.

Layla prit une grosse inspiration, et relâcha toute pression superflue avant de lancer:

"Allons- y !"

Son estomac était noué, mais sa tête, elle, était pleine d'espoirs et de rêves. Mais à mesure qu'elle avançait vers le grand balcon, son anxiété grandissait quelque peu.
Elle était encore un peu timide parfois, et prendre la parole devant tout le monde n'était pas le travail qu'elle préférait. Mais il fallait bien le faire. Et sa motivation à
faire changer les choses était telle qu'elle prit plus d'assurance, inconsciemment, quand elle arriva sur le balcon, duquel on pouvait apercevoir la foule de sujets elfiques.

"Euh....
Bonjour à vous, peuple elfique !" lança-t-elle, en essayant de garder la face.

"Comme vous l'avez constaté, nous avons reçu, ce matin, la visite des souverains de Mythra...
Comme vous le savez, Landayën est une forêt annexée à la couronne de Mythra, et sans eux, nous ne serions très certainement pas ici..."

Elle marqua une pause, lançant des regards insistants à Hélios, pour essayer de voir si jusque-là, elle se débrouillait bien.

"Ils sont venus en paix, pour demander à ce qu'une alliance soit créée entre nos deux peuples."

Même aussi haut placée, Layla pouvait entendre des murmures tout juste audibles émaner de la foule, rassemblée aux pieds du palais.
Sauf qu'elle ne pouvait deviner s'il s'agissait de bonnes ou de mauvaises paroles.

Une voix s'éleva au dessus des murmures, et demanda judicieusement:

"Une alliance, ok... Mais pourquoi ? Est-ce que nous avons quelque chose à craindre ?"

Layla redoutait plus que tout d'aborder le sujet de la possible guerre que comptait engager le Pandémonium.
Elle savait que ce sujet suffirait à les effrayer que d'avantage.

"Pour l'instant, nous ne pouvons malheureusement rien prévoir..." répondit Layla en essayant de se faire plus rassurante que possible.

"Comme vous le savez, l'attaque de Thran a engendré des dégâts inimaginables, et la royauté de Mythra se trouve en difficulté pour assurer
la sécurité de son peuple, car ils ne disposent pas de Chef d'Armée à l'heure actuelle..."

"Oui, mais pourquoi est-ce qu'on les aiderait ?
Nous ont-ils seulement aidé eux, quand on a été vulgairement chassés et jetés de leurs terres ?"

"Nous n'avons pas été chassés !" s'indigna Layla.
"Les histoires d'héritage sont bien trop compliquées à détailler, aussi, j'aurai l'impression de perdre un temps fou à tout vous expliquer,
sans que vous ne posiez justement ce genre de question... N'en avez-vous pas marre de vivre ainsi ? Dans la peur, exclu volontairement ?
Ouvrez donc les yeux !"

"Cela fait des années... Que dis-je... Des siècles !
Cela fait des siècles que nous sommes livrés à nous-même...
Sont-ils seulement venus lors de votre avènement ? Ont-ils pleuré la mort de vos illustres parents ?"

Bien que relativement calmes, les elfes semblaient chercher la provocation, malgré les efforts de Layla.
Et cela agaçait profondément cette dernière, qui n'avait même pas le temps d'expliquer quoi que ce soit, sans qu'un de ses sujets intervienne...

"C'est assez !" s'insurgea-t-elle.
"Nous n'avons pas à subir les erreurs passées ! Aujourd'hui, ce sont de jeunes gens qui sont sur le trône de Mythra.
De jeunes gens qui n'ont rien à voir avec les querelles d'autrefois ! N'avez-vous donc aucune jugeote pour admettre
qu'ils ne sont en rien fautifs de tout ce que vous leur reprochez ?"

Layla reprit ses esprits. Ce n'était pas dans ses habitudes de se mettre dans de tels états. Mais la situation semblait l'exiger...

Elle se retourna vers Hélios, mal à l'aise, et lui lança doucement:

"Que puis-je leur dire ?"

Malgré un début de discours plutôt optimiste, après les diverses interventions de quelques habitants de la Cité Elfique, Layla en avait tristement perdu ses mots,
et se sentait horriblement mal à l'aise. Elle se retourna donc vers Hélios, son meilleur allié afin de lui demander de l'aide, acte qui ne laissa pas les sujets indifférents.
Ce manque de confiance soudain ne faisait que renforcer tous les à-priori que pouvaient avoir certains elfes à l’égard de leur Reine.

Aussi surprenant que cela lui paru, Erinyes s'avança et prit la parole à sa place, en tentant de corriger la maladresse de Layla,
avec un tact qu'elle n'avait pas montré jusque là. Son époux, Shintarô, bien que calme et silencieux approuva l'intervention, qui ne sembla pas non-plus embêter
Hélios, qui pourtant avait quelques difficultés à aller dans leur sens, sûrement à cause de leur jeunesse.

Un peu gêné, il encouragea Layla à poursuivre, lui faisant part de suggestions.
Cette dernière prit une nouvelle inspiration très profonde, et se retourna vers le peuple.

"Excusez-moi !" dit-elle un peu gênée, mais prête à reprendre.

"J'ai effectivement accepté cette alliance, parce que je pense qu'il est grand temps de faire table rase du passé.
A ce jour, nous sommes un peuple certes prospère, mais tellement renfermé sur nous-même, que si un malheur venait à arriver, nous n'aurions aucun recours.
Notre armée est forte... Mais je ne crains que cela soit suffisant..."

Elle reprit son souffle...

"Ainsi donc, la royauté de Mythra nous convie tous, à Elsran, afin de signer cette alliance, et ramener la paix entre nos deux peuples."

C'était dit.

"Ce ne sera certes pas évident, je le comprends. Tout ce que je vous demande, c'est de mettre votre orgueil et votre rancune de côté,
ne serait-ce que le temps de voir comment les choses peuvent évoluer... Nous n'avons que trop longtemps vécu à l'écart de tout...
Il est temps que ça change !"

Le discours d'Erinyes semblait déjà avoir porté ses fruits et rassuré les elfes. Ainsi, après que Layla eut fini son discours, à sa grande surprise,
plusieurs de ses sujets l'acclamèrent. Elle était assez fière. Pour Layla, c'était un pas en avant, vers une meilleure entente.

Certes, tout le monde ne suivrait pas. Mais si une majorité du peuple elfique venait assister à la cérémonie de signature de l'alliance,
alors le combat pour la paix entre les peuples, qu'elle menait depuis son avènement, était déjà en partie gagné.

Le discours s’acheva un peu abruptement au goût du Chef d’Armée. Si tout avait été dit, il fallait encore saluer la foule pour les remercier de leur attention et leur soutien. Fatalement, le comportement d’Erinyes le fit ruminer intérieurement. Et surtout, l’Hybride en rajouta une couche en montrant, de nouveau, son incompétence en tant que dirigeant.

"Avant de vous répondre, pourriez-vous saluer la foule pour montrer que vous avez fini et que vous les respectez… ?"

Oui, il était mécontent car cela lui paraissait être la moindre des politesses. N’importe quelle foule devait avoir le droit au respect. S’arrêter de parler ainsi montrait clairement une forme d’irrespect qui irritait Hélios. Ils avaient beau être jeunes, Shintarô avait beau être sauvage… Cela ne voulait pas dire que cela pardonnait tout.

Il attendit donc puis les invita à entrer de nouveau dans la salle principale du palais. Il allait enfin répondre à la question de l’hybride.

"Non, nous ne pouvons pas venir immédiatement." dit-il avec fermeté

"Tout d’abord car il s’agit d’un voyage long et les personnes qui voudront nous suivre ne sont pas prêtes. Ensuite, il est hors de question de partir de Landayën dans la précipitation. En notre absence, il faut parer toute éventualité d’attaque. Les effectifs seront réduits car il nous faudra une escorte et l’armée sera privée de son chef. Le Pandémonium pourrait décider, et à raison, d’attaquer pendant notre absence."

Il se retint de lancer un regard noir sur l’hybride. Ce dernier ne semblait voir que son petit objectif et non pas le monde autour de lui : égoïste. S’en rendait-il seulement compte ? Hélios le trouvait de plus en plus aberrant. Pire qu’un gosse, vraiment pire…

Cette escapade à Elsran l'intriguait et à la fois l'exaspérait. Rencontrer les dirigeants d'Ernelzya le rassurerait peut-être quand aux capacités de leurs "alliés" à lutter contre la menace.

Tout s'était finalement mieux passé que prévu, malgré un court moment d'hésitation. Layla était parvenu à aller jusqu'au bout du discours qu'elle avait à faire, et les acclamations ne faisaient que la conforter dans ses intentions.

Erinyes ajouta quelques mots derrière, histoire de confirmer que le peuple elfique serait accueilli avec courtoisie à Elsran lors de la signature de l'alliance. Les deux dirigeants Mythran semblaient assez satisfaits de la tournure des événements. Quelques protestations tout au plus, mais le discours précédant les avait, semble-t-il, touché.

Ils s'apprêtaient déjà à repartir, lorsque Hélios les interpella, leur suggérant de saluer la foule, en guise de respect et de reconnaissance. Un détail, dirons-nous.
Mais un détail qui comptait pour le peuple elfique. Les prendre de haut n'avait jamais eu de bons retours.

Shintarô, vraisemblablement emballé par l'enthousiasme des elfes, proposa de venir immédiatement à Elsran. Le Chef d'Armée et conseiller elfique lui rétorqua que ce
n'était pas chose possible, le voyage étant long. Il fallait préparer de nombreux bagages, et veiller à ce que la Cité et la Forêt restent entre de bonnes mains,
le temps de leur séjour. Qui sait ce qui pouvait arriver en leur absence ? Puisque la menace du Pandémonium semblait bien réelle, il valait mieux prévoir toute éventualité.

"Je rejoints Hélios sur ce point..." affirma Layla.
"Il va nous falloir préparer ce voyage. La Forêt est sûre pour l'instant.
Mais nous ne pouvons pas prévoir de nous absenter sans mettre de l'ordre dans certaines de nos affaires.
Il y va de la sécurité de ceux qui ne viendront pas."

Car oui, même si une majorité du peuple elfique semblait accepter cette alliance, d'autres restaient sceptiques, ou trop occupés pour daigner se déplacer.

"Ce n'est pas parce qu'une majorité va nous suivre, qu'il faut que les autres, moins enclins, arrêtent de vivre et de travailler.
C'est leur propre décision après tout. La facilité serait de les laisser à leur triste sort, peu importe ce qu'il advienne.
Mais ils restent mes sujets, quoi qu'on en dise, et je me refuse à les laisser sans surveillance, ni sans un minimum de sécurité, vous comprenez ?"

Layla pouvait sentir une pointe d'amertume dans l'attitude d'Hélios. Sûrement n'approuvait-il pas tout.
Mais bon, la Reine des Elfes se disait qu'ils auraient bien le temps d'en discuter avant de partir pour Elsran.

[Je propose qu'on termine ici x) Rajoutez si vous avez quelque chose à mettre, tant que ça conclu le RP. Il va sérieusement falloir discuter de la suite, et lancer des events pour un plus grand nombre de joueurs ^^]

Bon. Comme quoi, tout donnait raison à Shintarô : dès qu'il faisait des efforts, on l'envoyait bouler. Il se faisait avoir à chaque fois.

Ce fut ce qu'il ressentit de la part d'Hélios, et il n'apprécia pas. Loin de lui de s'imposer, il avait juste...posé une question.

Aussi, bien décidé à ne pas se laisser tout de même écraser, il envoya un regard noir à Hélios, n'hésitant pas à...être honnête, simplement :

- Dîtes. Il me semble que vous n'êtes pas né garde. Je pense qu'au début, vous aussi, vous ne vous attendiez pas à quelques surprises dans ce poste. Vous aussi, vous avez du passer pour un crétin de première en apprenant ce métier. Alors je vous prie de vous en rappeler ferme avant de prendre ce genre de ton après une simple question. Non, je ne connais pas tout du poste où je suis. Et je n'apprécie pas d'être traité de la sorte alors que je ne manquais aucunement de respect à votre reine, compris ?

Et c'était surtout aussi pour dire un peu par derrière que s'il était en train de se retenir pour ne pas exploser complètement, c'était parce qu'il n'était pas sur son terrain, et qu'il agissait avant tout pour Erinyes. Mais que ce n'était pas pour autant que ce garde devait en profiter pour le...rabaisser à nouveau, vu son ton et sa vision des choses.

Tout en admettant que non, il ne connaissait pas encore tout. Mais pourquoi le lui reprocher ? D'ailleurs...

- C'est trop facile, de refuser l'accès aux connaissances à une personne juste pour ses origines. Et encore plus facile de reprocher après l'ignorance gagnée à cause de cette interdiction imposée. Alors je vous prierai de ravaler cet air hautain et ces fausses idées préjugées sur ma personne. Donnant-donnant.

Parce que zut, à la fin ! QUI avait reçu les instructions au poste ? Erinyes. Pas lui. Comme d'hab. Finalement, c'était toujours pareil, et il ne fallait pas s'étonner qu'il se méfie après ! Alors si quand il faisait des efforts, on en profitait bassement...

Bref, ceci dit, Layla donna sa propre réponse, et d'une manière bien plus normale. Un "non, ce n'est pas possible, parce que ci ou ça". Simplement. Ce n'était pas du tout ce genre de réponse qui le dérangeait, Layla connaissait mieux la situation de son peuple que lui. Il demandait, c'était tout. L'erreur était humaine, non ?

Il n'avait certes pas la science infuse, mais était largement capable de comprendre des choses...voir des choses que la majorité ne comprenait pas. Mais il refusait de se laisser écraser. Cela faisait des années qu'il se défendait, ce n'était pas aujourd'hui qu'il cesserait. Que cela plaise, ou non. Et encore, il y allait plus modérément, car ça aurait été deux ans en arrière, le Hélios se serait reçu direct un bel oeil au beurre noir, l'hybride ne se préoccupant même pas de ce qu'on pourrait penser.

Sauf qu'il avait Erinyes. Et qu'il y avait des enjeux. Alors il les prenait en compte, et apprenait de lui-même à gérer ses ripostes. Riposter pour ne pas se laisser marcher dessus, oui. Mais de la bonne manière. La violence ne résolvait pas tout...Erinyes avait eu pas mal d'influence sur lui, peu à peu, il avait plus agi "humainement" que d'une façon sauvage démoniaque.

Du coup, il regarda Layla quand elle donna sa réponse, ne lui envoyant aucunement de mauvais regard, gardant juste un air normal, son air à lui, quoi, avant d'acquiescer simplement :

- Très bien.

Quand on disait qu'il ne faisait des efforts que s'il en voyait en face d'une manière visible ! Et que ses réactions étaient souvent en échos avec ceux de la personne d'en face : on agissait mal, de la mauvaise manière, on le cherchait, il mordait. Plus on hurlait, et plus il hurlait aussi. Or, preuve là, il suffisait simplement de se remettre à parler normalement pour...ben qu'il soit de nouveau à l'écoute et se montre moins virulent. S'il lui arrivait encore d'exploser parfois dans ces moments-là parce qu'une chose l'avait vraiment atteint, ça finissait toutefois toujours par se calmer si justement, on continuait dans le calme.

Erinyes avait fini par le comprendre...elle ne l'avait jamais regardé comme les autres le regardaient, et tout comme lui avait appris à s'adapter à elle, à comprendre comment elle fonctionnait, Erinyes en avait fait de même envers lui...

Layla s'expliqua un peu, et ça lui parut tout à fait correct à son sens. Simplement parce que ça correspondait un peu à sa propre vision des choses...alors quand elle lui demanda s'il comprenait...

- Oui...parfaitement, même. Si vous êtes réellement le genre de reine à penser à chacun de ses sujets, même les plus démunis...sans doute que vous, je vous aurai respecté.

Si elle avait dirigé Mythra avant Erinyes. Shintarô avait toujours détesté la royauté d'Elsran, déjà parce que la façon de pensée à propos des gens comme lui était pire que les autres, et que surtout, depuis l'attaque de Thran où la royauté n'avait même pas bougé le petit doigt...même en arrivant trop tard ! Au moins aider les villageois à se reconstruire, comme il avait fait lui en les hébergeant dans le château en attendant que !

ça avait été l'instant où il avait définitivement détesté les gens de la haute société, lui qui était en-dessous de l'échelle sociale. Alors que s'ils avaient eu des souverains qui pensait au peuple avant leurs propres intérêts, considérant tout le monde avec égalité, peu importe l'origine...là oui, si un jour il s'était retrouvé devant ce genre de personne, il leur aurait offert tout son respect.

Pour cela qu'il comprenait. Et qu'il disait cela. Dans le fond, pour lui, il se fichait bien que cette personne soit une elfe, un démon, ou autre chose. Tant qu'il y avait juste cette qualité-là, au moins.

Erinyes parla ensuite, disant les mots qu'il aurait voulu dire aussi : "combien de temps vous faut-il ?", quelque chose comme ça, histoire de se renseigner.

Erinyes finit ensuite par conclure, et mettre fin à la discussion. Ce qui le soulagea. Il se sentait décidément oppressé, simplement parce qu'il savait sa présence non-désirable juste à cause de ses origines, et instinctivement, il ressentait cela, et ça le mettait mal à l'aise. Il se contenait beaucoup, surtout pour Erinyes.

Mais là, il estimait qu'il avait assez donné. Il avait eu son lot d'humiliation de la journée, plus qu'il ne pouvait le supporter, car le tout ayant été fait d'une façon qu'il trouvait très injuste et non-méritée. Après tout...de quoi l'accusait-on ? D'être métissé ? D'avoir mis les pieds ici ? Il trouvait ça vraiment très fort...même s'il en avait l'habitude.

Au fond de lui, il avait toujours l'espoir qu'un jour, tout cela puisse changer. Lors de sa visite à Ernelzya avec Erinyes, il avait vu que son espoir était possible. Que son rêve pouvait se réaliser. Que quelque part dans ce monde, ça existait, un endroit où tout le monde était sur un pied d'égalité. Là-bas, ça lui avait même fait très bizarre, d'avoir été accueillis ainsi, et de voir toutes ces personnes mêlées les unes aux autres. ça l'avait fasciné, à tel point qu'il n'avait que très peu parlé, et avait préféré rester pour contempler ce rêve qui se déroulait sous ses yeux. Un monde où aucune espèce n'était discriminée, et traitée comme les autres.

Il s'était soudainement senti libre. Cela ne l'avait pas laissé indifférent. Simplement parce que...c'était son rêve qui prenait vie, ses espoirs qui prenaient place sous ses yeux, quelque chose de tellement rêvé depuis des années qu'il avait eu du mal à en croire ses yeux. Il avait vécu un rêve éveillé. Et avait souri. Comme il ne l'avait jamais fait. Sans ombre, rien, un véritable. Ce fut même la toute première fois depuis qu'ils étaient ensemble...qu'Erinyes avait pu le voir rire un peu. Au moins un peu. Son dernier rire remontait à très très longtemps, quand il n'était encore qu'un enfant innocent.
S'il n'avait pas certaines manières très civilisées encore, même ça, ça n'avait dérangé personne. Il avait pu essayer des choses, et même s'il avait provoqué une ou deux "catastrophes", aucun retour, rien, juste une aide, et des "je vais vous montrer comment ça marche !". Chose dont il n'avait absolument pas l'habitude, ça lui avait vraiment fait bizarre.

Il avait donc la preuve que ce genre de chose pouvait exister, même sur Mythra. Et il comptait bien amener cela ici. Il ignorait encore comment réellement, mais...il finirait par trouver quelque chose.

- Erinyes...je te laisse gérer les gardes. Tu les commandais, avant. Il n'y a pas de raison que tu ne le puisses pas maintenant. Je ne serais jamais loin de toi.

la rassura-t-il tout de même, avant de disparaître dehors, vu que l'entretien était de toute façon terminé. Et que lui, il ne voulait plus voir les gardes. Ni personne, il en avait trop eu. Sa seule lumière dans ce monde de ténèbres et cruel, c'était Erinyes. Sa petite lumière qu'il n'aurait de cesse de protéger farouchement, son seul lien avec cet univers où il était complètement perdu, où tout le monde préférait l'en écarter et le considérer comme un idiot plutôt que de lui enseigner ce qu'il fallait. La seule en qui il pouvait avoir réellement confiance. Celle qui ne le trahirait jamais.

[Voilà pour moi]

Définitivement ce Shintarô était un égoïste ET un crétin. Hélios en avait plus qu’assez de discuter avec lui. Il avait essayé de le mettre sur un pied d’égalité en se fichant de sa nature d’hybride et voilà que ses remarques qui étaient là pour l’instruire ne l’intéressaient pas du tout. Bien au contraire, voilà qu’il se remettait à se plaindre comme un gamin. Surtout qu’Hélios agissait toujours ainsi, il avait fait pareil avec Layla dans sa jeunesse. Comment pensait-il qu’il avait tant d’influence sur le peuple et que les gardes le respectaient ? En les regardant avec un air mielleux ? Non, il avait toujours était franc et direct, sans cela les gens ne se rendaient pas compte de leur difficultés. Et si Shintarô pensait avoir fait le tour de toutes ses difficultés… Il avait tort. Il oubliait son égoïsme et sa propre façon de juger les autres. Cet Hybride avait tout de détestable.

Le Chef d’Armée détestait les donneurs de leçon qui justifiait tout par leur problèmes en disant : « tu ne peux pas comprendre parce que tu n’as pas vécu ça et ça ». C’est ce que faisait cet Hybride.

"Les excuses sont le langage d’une personne se dissimulant derrière son propre mur." Se contenta-t-il de répondre fermement

Il ne voulait de toute façon plus lui parler ni lui montrer la moindre marque de respect. S’ils avaient été en tête à tête, cet Hybride aurait sans doute tenté de l’attaquer. L’elfe l’aurait vite renvoyé dans ses rangs.

Hélios se contenta d’acquiescer silencieusement aux dires de la Reine de Mythra. Enfin ils allaient partir… Enfin il pourrait avoir une petite conversation avec Layla quant à cette alliance et surtout avec le peuple qui allait lui demander des comptes pendant des jours et des jours. Il eut un air mauvais en entendant Shintarô parler à Layla. « Si, si, si » encore une autre manière de se dissimuler derrière des excuses ! Et surtout, n’était-il pas en train de la juger lui-même ?
Alors quand il fut enfin parti, il attendait un moment avant de faire un premier commentaire à Layla.

"Layla, tu sais que je te suivrais toujours dans tes décisions mais je t’avoue que j’ai des doutes… Surtout envers ce Roi incapable et qui distille son venin derrière des excuses."

Il marqua une pause. Il avait un air un peu renfrogné. Son visage changea de nouveau et il soupira avec douceur.

"Nous en discuterons plus tard… Je vais aller rassurer les quelques doutes qui subsistent dans nos concitoyens."

Il hésita un peu.

"Voudrais-tu… M’accompagner ?"

Cela faisait tellement longtemps que Layla n’avait pas été confronté directement au peuple. Il pourrait s’agir d’un bon moyen de réconciliation. Leur discussion privée devra attendre, elle serait longue de toute manière. De tels changements ne pouvaient qu'indiquer qu'un changement radical de leurs destinées.

[fini pour moi aussi ~]

Alors que tout semblait enfin réglé, le ton monta légèrement entre le Roi Shintarô et Hélios.
Shintarô lui lança certaines remarques, que le Chef d'Armée sembla prendre avec plus de recul qu'il ne pouvait le faire.
Malgré tout, Layla sentait que le courant ne passait pas si bien entre les deux hommes, qui par leurs expériences respectives,
se faisaient moralisateurs l'un envers l'autre.

"Les excuses sont le langage d'une personne se dissimulant derrière son propre mur."

Ce fut la réponse d'Hélios; ferme et appuyée.
Après tout, on ne pouvait pas espérer à ce que tout le monde s'entende dès le départ.
Il allait falloir faire preuve de patience, pour que l'alliance prenne tout son sens.

Le discours terminé, la foule de sujets elfiques saluée poliment, les dirigeants de Mythra se remirent en route, pour rentrer à Elsran,
et s'atteler aux préparatifs de la cérémonie pour la signature de l'alliance.

A peine partis, Hélios glissa ses appréhensions à Layla, notamment au sujet du comportement impulsif et irréfléchi de Shintarô.

"Je te comprends Hélios...
Mais allons, tu as aussi été jeune, et tu as sûrement du faire quelques erreurs, toi aussi, dans ta vie...
Il apprendra !"

Sur ce, le Chef d'Armée se mit en quête d'aller rassurer les citoyens de Landayën, qui, pour certains,
le doute subsistait au sujet de cette alliance.

"Bien !"

Contre toute attente, il eut un moment d'hésitation, et demanda finalement à Layla, si elle désirait l'accompagner.

"Je vais demander aux domestiques de commencer à ressembler nos affaires, pour le voyage, et j'arrive !" répondit-elle avec le sourire.

[fini ici également]