Nous étions arrivés à l'école, et j'avais rassuré les gardiens quant à l'intégrité de Lyora.
Ensuite, nous avions marché jusqu'aux dortoirs -enfin, il est plus vrai de dire qu'Ernelzya nous y a téléporter... Heureusement, car je ne sais pas si j'aurais tenu sept étages dans l'état où j'étais!

Nous étions à présent dans ma chambre. De vastes peintures couvraient les murs, illustrant des scènes diverses: du Royaume Celeste au Pandémonium, du champ de bataille sanglant et désolé à la clairière fraîche et sereine, de la tristesse à la joie...
Mais aucune de ces peintures ne dévoilaient tous ses secrets à première vue... Elles contenaient toutes des messages pour qui savait les lire: la représentation des septs péchés capitaux, la vanité d'un combat où aucun camp n'a survécu, etc.
Aucune de ces peintures n'était réelles, bien sûr: c'étaient des images crées par Ernelzya, que j'avais trouvé et lui avais montré dans les livres de la bibliothèque. Mais cela ne les rendaient pas moins réaliste: après tout, Ernelzya savait recopier toute une végétation, et un arbre à lui seul contenait plus de détails qu'un tableau.

Pendant tout le trajet, j'avais parlé à Lyora de la vie dans l'école. Elle semblait hésitante... Ce qui était assez normal: un tel emploi était un changement immense dans la vie de quiconque le saisirait.

  - Vous n'avez pas besoin de prendre une décision tout de suite, vous savez. Réfléchissez-y tranquillement chez vous et, si vous décidez de tenter d'avoir un emploi ici, prenez rendez-vous avec un directeur.
A propos de directeur...
  - Je vais demander à l'un d'eux de vous raccompagner jusqu'à la sortie: l'école est vaste, vous pourriez vous y perdre. Vous pourrez en profiter pour lui poser des questions: je ne suis ici que depuis peu de temps, j'ignore encore beaucoup de choses qu'il -ou elle- saura sûrement.
Je regardai sur mon parchemin les emplois du temps des directeurs, et en vit un qui n'était pas occupé actuellement. Je lui envoyai le message.
  - Si vous avez un jour besoin d'aide, n'hésitez pas à me le demander: ce sera grand plaisir que de pouvoir vous remerciez avec plus que des mots.

Enfin, elle entrait dans l'école. Elle avait pensé pouvoir visiter, mais une surprise de choc l'attendait. Elpis parla à elle ne savait qui demandant le chemin le plus court pour se rendre à sa chambre, et brusquement, ils se retrouvèrent dans le dortoir.

Lyora ne comprenait pas comment s'était possible. Surtout qu'il n'y avait personne quand il avait parlé. Elle était choquée. Elle était même ressortit sur le palier pour vérifier que personne ne lui faisait une mauvaise farce. Non, le décor avait bien changé, à la place du hall impressionnant, il se trouvait maintenant un couloir, avec au bout, un escalier qui descendait.

Elle aurait bien interrogé son accompagnateur, mais elle voyait qu'il était épuisé. Il avait besoin de se nettoyer et de dormir. Elle ne pouvait rien pour le premier point, mais elle pouvait l'aider pour le second...Sauf qu'elle n'avait rien emporté. Elle avait bien quelques somnifères sur les épines de son rosier, comme toujours, mais cela signifiait le piquer avec...Elle balança un moment sur ce dilemme.

"Vous devriez vous faire un brin de toilette. Après, je vous conseille de vous allonger et de dormir, vous en avez bien besoin."

Voilà, elle avait trouvé. Peut être penserait il qu'il s'était endormi tout seul, de fatigue. La piqûre se sentait en général à peine.

"Il ne fallait pas déranger le directeur. j'aurai bien trouvé quelqu'un pour m'indiquer le chemin de la sortie.

En tout cas, se fut un plaisir de vous rencontrer. Même si les circonstances furent difficile pour vous. Vous avez de la chance que je me sois trouvée là. J'espère pouvoir vous revoir et pouvoir échanger plus longuement."

Quand il se serait allongé, elle lui injecterai le somnifère et partirait discrètement.

Je me lavai -il n'y avait pas besoin de me le rappeler: je me sentais suintant et pestilentiel-, puis revins.

  - Il ne fallait pas déranger le directeur. j'aurai bien trouvé quelqu'un pour m'indiquer le chemin de la sortie.
  - Bien sûr, je ne doute pas de votre débrouillardise, mais je me suis dit que ce serait l'occasion d'avoir un autre point de vue sur l'école. Enfin, je ne voudrais pas devenir harcelant à ce propos... De toute manière, parler avec un directeur, même d'un sujet autre que l'école, devrait être intéressant: leur charge demande intelligence et instruction, qu'ils n'ont pas peur de partager avec autrui.
  - En tout cas, se fut un plaisir de vous rencontrer. Même si les circonstances furent difficile pour vous. Vous avez de la chance que je me sois trouvée là. J'espère pouvoir vous revoir et pouvoir échanger plus longuement.
  - Le plaisir fut partagé. L’empoisonnement ne fut pas bien agréable, c'est sûr, mais ma chance insolente m'a sauvé, et m'a permis de faire une bien agréable rencontre... Un bilan positif!
J'espère la même chose.
Je m'allongeai, fatigué, quand je ressentis une légère douleur au bras, plus pointue que l'engourdissement général qui enveloppait mon corps. Je n'y prêtai pas d'attention: je me sentais en sécurité, dans Ernelzya...
Ma sauveuse sorti, et je vis tomber une espèce de tissu rouge. Je me levai, très péniblement -il fallait croire que mon corps avait pris mon allongement comme une autorisation à s'abandonner à Morphée, et prenait mal cet imprévu-  , et le ramassai. Ce n'était pas un tissu, mais un pétale de rose. Quand j'y pensais, c'était vrai qu'elle avait des rosiers sur elle... J'avais supposé que cela faisait parti de son style, et ne m'étais pas plus questionné dessus...

Quelle chance j'avais eu, tout de même, qu'une telle connaisseuse fut présente lors de cet empoisonnement.

Un doute m'assaillit soudain. Fut-ce vraiment un coup du hasard?
Un serveur m'empoisonnait, moi qui ne me connaissait pas d'ennemis, et une femme, étonnement calée en poison, survient et me guérit sans raison, juste pour le plaisir de l'altruisme...
Puis propose d'aller à l'école pour les soins, ce que j'accepte aveuglément, puis clame haut et fort dans l'école qu'elle est digne de confiance.
Ainsi, la voici libre de se balader dans l'école, et d'y faire ce qu'il lui plaisait
Mais... Ce n'étaient que des suppositions, non? Je fixai le pétale que je tenais encore, comme pour y trouver une réponse...
Le pétale me rappela une histoire que j'avais entendu, il y avait quelques semaines, à propos d'une mercenaire nommée la Rose Rouge.
Un pétale de rose... Et elle était experte en poison...

Je me levai d'un coup, espérant la stopper à temps, mais je m'écroulai à terre. La pointe de douleur que j'avais ressentie me revint en tête. Elle m'avait droguée!
Impuissant, je ne pus que me maudire pour ma naïveté. Elle avait sûrement appris que je faisais parti de l'école, et engagé un autre mercenaire pour m'empoisonner -moi, ou le premier membre de l'école qui serait arrivé dans la taverne.
Ses "tisanes" étaient des poisons supplémentaires -mon sang de démon combattait efficacement les poisons, elle craignait sans doute que je me rétablisse trop vite- , et son but était de remplir un contrat au sein de l'école. Un vol, ou... Un meurtre?

Quel crédule irresponsable j'étais... Le sentiment de sécurité et la confiance générale qui régnait dans l'école m'avait fait oublier le mal dans le monde extérieur.
Et, à présent, un germe de ce mal se promenait tranquillement dans cet asile, prêt à détruire la sérénité de l'endroit... Par ma faute. 

Je sombrai dans un sommeil tourmenté, incapable de combattre plus longtemps les effets du somnifère... 
Et ignorant que mes doutes n'étaient pas fondés.

[RP fini!]