Le père d’Urkan, dont ce dernier à emprunter le prénom en tant que nom de famille afin de toujours se rappeler sa batârdise, était un Démon relativement ressemblant aux humains , malgré sa taille minuscule, sa peau brune et ses dents de bêtes… Il dirigeait une petite équipe qui lançait des rapts sur les villages humains, pour en ramener des combattants à vendre aux Arènes. Une des esclaves était une jeune femme, future mère d’Urkan, qui parvint à s’enfuir et mit au monde son enfant dans les crasseuses ruelles de la Cité Marchande.
Le jeune garçon vit vite qu’il était différent des autres : un peu plus doué physiquement, sa peau brune était sujet à quolibets, bien que le cas ne fût pas général. Cependant, sa propre mère semblait, non pas le haïr, mais détester ce qu’il représentait pour elle. Le comprenant, et ne voulant plus de cette misère, Urkan s’en alla en accompagnant une caravane marchande jusqu’Elsran, où il apprit à manier les armes avec pour objectif de rentrer dans la Garde Royale, ou quelque autre poste élevé. Etre élevé socialement en étant issu de la pire misère, tel était le rêve du jeune adolescent.
Malheureusement, son apprentissage ne pût se poursuivre éternellement, faute de fonds. Avec ses rudiments, il accompagna un grand nombre de marchands et autres délégations sur les routes, avec pour atout le prix médiocre qu’il demandait. Cinq ans durant, il sillonna les grands chemins avant de se voir confier sa première élimination. Comme il ne rencontra pas de difficultés impressionnantes et en tira un bon prix, il continua son travail et devint finalement mercenaire, ses missions pouvant aller de la simple escorte au meurtre en passant par l’accompagnement d’expéditions militaires par exemple pour vider les bois de leurs bandits. Tant que ça payait, il se rendait n’importe où : Mythra, Ernelzya, le Pandémonium… il était même assez honteux d’avoir versé le sang au Royaume Céleste une ou deux fois.
Urkan aurait bien aimé rencontrer son père, mais il ne savait rien de lui si ce n’est son prénom, Balg. Pour discuter ou venger sa mère, il en aviserait en le rencontrant. Mais ses quelques recherches n’avaient jamais abouties, et ce projet restait à l’état… de projet.
Pour l’instant, Urkan ne disposait plus de beaucoup de fonds, ayant pas mal dépensé à la Taverne des Maudits (c’est que la tournée qu’il avait offerte à la bande de Démon dont le chef était sa cible, et qu’il accompagnait depuis trois jours, lui était revenue bien cher… l’alcool avait sûrement embrouillé toute dépense ultérieure, mais pas l’attentat, et c’est cela qui comptait…) et que son commanditaire n’avait pas pu le payer, en l’état de lambeaux de chair roussie où l’avait trouvé le mercenaire. Il avait du puiser dans ses économies et était reparti à l’affût de nouvelles affaires, bien qu’il en avait déjà une besogne à accomplir, mais qui, chose étrange, le répugnait…