BAM! ! !

-Jeune fille ce n'est pas ainsi que l'on suit mon cours. Dehors ! ! !

Encore sonnée par le livre reçût sur la tête, l'elfette se dirige vers la porte.

- De toutes façons, votre cours on peut s'en passer, on s'y endort facilement. Dit-elle en claquant la porte de la salle.

Elle arpente le couloir en soupirant, elle sait très bien qu'elle vennait de donner elle-même un motif de renvois à son professeur. Elle haussa les épaules et prévoyait déjà la réaction parentale. Une bonne à rien qu'ils diraient, une incapable et gnagnagna et gnagnagni.... Ce discourt, elle le connaissait par coeur, inutile de l'entendre une fois de plus et cette fois elle mettrait leur menace à exécution sans qu'ils la disent.

Sans un mot, elle alla dans sa chambre afin de rassembler ses affaires. Vêtue d'une longue cape verte, elle posa son regard d'ambre une dernière fois sur les lieux. Elle gravait en sa mémoire la vue qu'elle avait de sa fenêtre avant de redescendre affronter la colère parentale qui, campés en bas des marches, l'attendait de pieds fermes. Elle les défia du regard avant de soupirer et de prendre la parole.

-Inutile d'ouvrir la bouche pour dire quoi que ce soit, je pars. C'est ce que vous voulez de toutes façons, ainsi c'est fait.

Tout en prononçant ses mots, ses pas la dirigèrent vers la porte qu'elle referma sans violence à la fin de sa phrase. Elle crut discerner un faible « revient» à travers la porte, mais ne pouvait le jurer et préféra protéger sa chevelure rosée de la pluie naissante sous la fine capuche brodée de sa cape.

Elle quitta alors la cité elfique s'enfonçant toujours plus loin dans la forêt de Landayën. Cette même foret que plus d'une fois elle fut interdite d'y poser ne serait-ce qu'un pied, bien qu'elle prennait un malin plaisir a désobéir à son père et à s'aventurer un peu. Elle chemina un moment avant de s'arrêter et de grimper dans un arbre afin de s'y installer et de se laisser tomber dans un profond sommeil. Demain serait un autre jour pour elle...



Les jours passèrent, Isis avait quitté son arbre et avait continué sa route vers le nord. Elle finit par arriver au Lac Ewïnha. Après en avoir fait le tour, elle trouva l'endroit charment et agréable et il changeait radicalement du décor, qu'elle avait toujours trouvé trop terne, de la cité elfique. Elle s'assit sur la berge, contempla l'eau longuement laissant l'astre solaire continuer sa course sans y prêter la moindre attention. Ce n'est que lorsque la nuit vint tapisser le ciel de son manteau de lapis-lazuli qu'elle sentit une main se posant sur son épaule. Sursautant, elle se releva d'un bon et se retourna pour découvrir un vieil homme qui se tenait devant elle, bredouillant des excuses comme quoi il ne voulait pas l'effrayer, mais comme elle ne bougeait pas il était juste curieux de savoir si elle respirait encore. Afin de dissiper définitivement le mal entendu, l'homme l'invita à partager son repas avec sa femme chez lui et comme ils aimaient beaucoup les visiteurs, elle ne serait pas une gêne. Isis appréciait ce couple qui malgré leur âge avancé étaient d'une grande générosité. Elle décida de s'installer dans le coin, pas très loin du lac juste à l'orée de la forêt. Et les années passèrent au rythme imposée par les saisons qui se succédèrent les unes aux autres sans discontinuer. Elle passait ses journées dans la forêt à s'occuper principalement des animaux, sans que cela ne l'empêche de temps en temps de jouer de la flûte. Bien que ce ne soit pas son meilleur passe-temps, le son qu'elle arrive à produire reste d'une pureté cristalline apprécié de ses amis forestiers. Il lui arrivait de retourner à la cité elfique sans pour autant retourner chez elle, au contraire elle évitait soigneusement son ancien quartier. Elle se moquait bien de ce qui avait pu arriver à ses parents. Rancunière, un peu peut-être..



Elle finit par devenir prêtresse et préférait dans la mesure du possible célébrer les offices près du lac où elle réside qui offre un cadre idyllique pour les offices. Il arrive parfois que les gens refusent de se déplacer jusque là, c'est donc elle qui vient à eux. En revenant d'une cérémonie qu'elle venait d'officier, alors qu'elle marchait doucement dans la forêt, elle fut stoppée par des bruits provenant d'un buisson. En s'en approchant, elle finit par y découvrir une petite renarde blessée. Méfiante et apeurée, la petite boule de poils argenté était sur ses gardes et un tantinet agressive. Isis se mit à genoux et attrapa sa flûte sans geste brusque et se mit à jouer un air lent et doux dont elle connaissait les vertus apaisantes pour l'esprit. D'abord, septique et indifférente, la renarde finit par se calmer et s'allongea sur le côté. Posant sa flûte et doucement, Isis posa sa main sur le pelage de l'animal qui grogna un instant avant de soupirer. Elle prit cette dernière dans ses bras après avoir constaté l'état de ses blessures afin de l'emmener chez elle pour la soigner. Suite à quelques semaines de soins, la renarde fut rétablie, mais au lieux de repartir vers la forêt lorsqu'Isis l'y déposa, elle revint sans cesse chez l'elfe qui n'eut pas le coeur de l'ignorer. Ainsi naquit entre-elle une amitié qui malheureusement dut se terminer un jour. Tout comme la flamme de vie du vieux couple du bord du lac, celle de la renarde cesse un jour d'illuminer la vie d'Isis.

Ces pertes furent douloureuse pour la jeune femme qui ne se rendait de moins en moins aux abords de la cité, préférant la solitude à la foule, le calme du vent au brouhaha de la cohue. Pendant des années, elle vécue recluse à l'orée de la forêt Jusqu'au jour où elle du au jours d'aujourd'hui, à contrecoeur s'y rendre. Elle reprit la direction de la forêt, chemin qu'elle n'avait emprunté depuis de longues années...